Discours liminaire de Monique Choux

Discours prononcé par Monique Choux lors de l’Assemblée Départementale du 25 septembre 2023

Cette session de septembre est pour nous l’occasion de parler de la rentrée sociale.

La fin de l’été a été marquée par la crainte des différents organismes d’aide alimentaire de ne pas pouvoir faire face à la hausse constante de la précarité et du nombre des plus démunis. Aujourd’hui, certaines familles, certains jeunes, ne peuvent même plus se permettre de choisir entre loisirs et nourriture. C’est dramatique mais nous en sommes là.

Ne plus manger à sa faim et sauter des repas est la triste réalité de plus en plus de monde.

Même si c’est bienvenu dans le contexte actuel, les quelques gestes de charité consenti par quelques fortunés, comme les 10M€ d’euros de dons provenant de la famille Arnault versés aux Restos du Cœur, n’inverseront pas la tendance.

Nous savons que c’est un élan de générosité collectif sans précédent qu’il nous faut financer de manière pérenne.

 C’est l’Etat qui se trouve en première ligne sur le sujet et c’est à lui que les organismes d’aides alimentaire font appel, notamment en lui demandant une revalorisation des minimas sociaux.

Nous pensons aussi que les départements doivent avoir leur part dans l’effort.

Les départements se doivent en effet de financer la solidarité, c’est même le cœur de leurs compétences.

 Et encore une fois, nous nous interrogeons sur le sens des priorités de votre mandat.

L’argent ne tombe pas du ciel et dans un contexte de pénurie, les choix sont d’autant plus vitaux. Nous avons voté pour l’attribution d’une subvention exceptionnelle de 1M€ pour sauver le centre de formation du club de foot de Sochaux et nous ne le regrettons aucunement.

Mais seulement, est-il possible de faire le même effort pour soutenir le secteur de l’aide alimentaire ? La rénovation ou la construction d’EHPAD ?

Sommes-nous capables du même effort sur d’autres volets liés à la solidarité ?

Car il ne faudrait pas chercher bien loin pour trouver des dizaines de très bonnes justifications pour verser une aide exceptionnelle. L’urgence et les besoins se font ressentir partout.

C’est dans ce contexte qu’une salle de musique à la Saline royale d’Arc et Senans qui aura couté à elle seule 10M€ au Département vient d’être inaugurée. Alors que sa localisation et son coût font débat, que cet équipement manque ailleurs,

 est-ce pertinent de réaliser des dépenses si fastueuses en période de crise sociale et environnementale ?

Et combien le Département injectera dans le futur pour favoriser le développement du transport aérien en aidant l’aéroport de Dole ? L’offre touristique à la station de Métabief ?

 Ou peut-être que vous en avez cette fois fini avec cette politique dispendieuse et que vous vous concentrerez à l’avenir sur l’indispensable transition climatique et sur les missions prioritaires du département, chef de file des solidarités rappelons le ?

Depuis notre dernière Assemblée Départementale, de graves événements ont secoué presque tous les quartiers de France. Des émeutes violentes qui ont fait craindre le pire et qui posent de nombreuses questions.

Rien ne peut justifier les pillages, les incendies et les destructions de bâtiments publics, d’écoles, de mairies, de commissariats qui ont eu lieu au début de l’été. Ces actes inexcusables sont commis par des personnes, souvent jeunes, qui expriment de manière totalement inapproprié un fort sentiment d’injustice et d’abandon.

Monsieur le Vice-président en charge du retour à l’emploi, de l’insertion et de l’action sociale, je vous avais adressé un mail vous demandant s’il vous était possible de détailler pour la commission1  les montants que le département alloue au QPV de Planoise. Vous ne m’avez pas répondu…

 En commission, vous avez d’abord dit avoir tous ces chiffres, mais que vous ne les donneriez pas, considérant que ceci n’était pas une tâche qui vous revenait, mais un travail de collaborateurs. Vous avez changé de version à la fin de la Commission, en disant que, finalement, ce travail était en fait impossible…

Je profite de ma prise de parole pour vous réinterroger au nom de notre groupe Monsieur le Vice-président. Vous nous aviez indiqué en janvier dans cette Assemblée que le Département avait alloué 17 M€ à Planoise en 2022.

Ces chiffres ne doivent pas sortir de nulle part. Dans l’addition des grandes lignes que vous avez présentée, il manque 2.2 M€ pour parvenir à ce résultat de 17 M€

 Je vous repose donc la question, à quoi correspondent-ils ?

 Et pourquoi allouer des dépenses obligatoires, comme le RSA pour 10M€ ? Celles liées au collège ou, d’autres encore, qui concernent l’ensemble du département ? Cela ne nous permet pas de déterminer quels   réels   efforts notre collectivité alloue sur ce territoire précis alors qu’il se trouve en grande difficulté ?

Nous, habitants et élus de Planoise, avons l’impression que ce quartier est encore trop laissé à l’abandon par le Département.

 Notre groupe, d’ailleurs, tient à saluer l’action de mon binôme Aly Yugo, qui a lancé un appel citoyen pour effectuer des veilles au plus fort des émeutes afin que les festivités de la fête nationale se passent dans les meilleures conditions, ce qui a été le cas avec l’aide également des forces de l’ordre.

A travers les échanges que nous avons dans le quartier ou ailleurs, nous savons que le Département n’a pas été à la hauteur lors du précédent contrat de ville.

 Nous sommes à un moment charnière ;     les prochains contrats de ville étant en cours d’élaboration. Est-ce que le département a entamé un travail de rapprochement avec les autres acteurs sur cette question ?

Sera-t-il plus généreux dans cette nouvelle mouture ? Et bien sûr, nous ne parlons pas là que de Planoise, mais bien de l’ensemble des  QPV du Doubs.

L’alerte sociale, c’est aussi les défis posés par la question migratoire et l’arrivée plus nombreuses de jeunes MNA dans notre département.

 Nous avons tous reçu la semaine dernière un mail et une lettre bouleversante signée par « des jeunes en recours ».

 Beaucoup de jeunes qui arrivent sur le territoire ne sont pas reconnus mineurs par le département et se retrouvent à errer dans les rues de Besançon.

Nous ne cautionnons pas les méthodes parfois employées par certains militants. Nous ne tolérons pas les occupations de locaux qui peuvent mettre en difficulté les agents du département, ni les mises en cause personnelles, ni les pressions qui peuvent être exercées sur les élus ou les agents.

Ce qui nous intéresse, c’est de nous concentrer sur le fond du problème. Parce que c’est bien la politique du département du Doubs qui est mise en accusation.

 Et à ce titre des réponses devront être fournies.

Et sur ce sujet, croyez-bien que nous faisons preuve d’humilité. Personne n’a de solutions, ni vous, ni nous. Nous savons que les migrations vont sans doute encore s’accentuer et nous ne pouvons déjà plus répondre aujourd’hui. Comment ferons-nous demain ?

Nous avons noté avec grand intérêt la proposition de 24 présidents de départements qui demandent à Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance, l’organisation d’Etats Généraux de la protection de l’enfance en 2024.

La démarche nous parait intéressante et absolument nécessaire, parce qu’il n’y a pas que la situation des MNA qui est inquiétante.

Nous nous proposons de travailler ce sujet avec vous.

Pour que vive le foot populaire

Est-ce souhaitable de dépenser de l’argent public pour sauver dans l’urgence un club de foot ? L’interrogation est légitime, mais nous avons tranché. Le vote de la subvention exceptionnelle d’1M€ pour ne pas laisser mourir le FCSM a été unanime. C’est beaucoup d’argent, mais les collectivités publiques se devaient d’apporter leur contribution et participer à la mobilisation générale.

Sochaux c’est plus qu’un club de foot. C’est un patrimoine, la fierté d’un héritage glorieux. C’est le club de la Peuge, celui des ouvriers et de ses patrons, à l’origine du plus ancien club pro de France et l’un des meilleurs centres de formation. Sochaux c’est le foot populaire par excellence, que ses propriétaires ont finalement vendu au foot business pour une bouchée de pain et une question d’image, qui ne collait plus avec la stratégie de montée en gamme de la marque au Lion.

Alors que le patron de Stellantis n’a pas pris ses responsabilités, quelques millions au regard des milliards de bénéfices du groupe, l’élan se concrétise et donnera naissance à une structure coopérative qui réunira des investisseurs régionaux, des milliers de supporters et des collectivités. C’est une fierté pour nous qu’un tel modèle vienne sauver des dérives capitalistiques néo-libérales. Tous auront à cœur de relever les défis, de limiter les dégâts humains et de faire vivre le nouveau slogan du club : « même histoire, nouveau chapitre ».