De fortes attentes après un plan ASE inachevé

Hier, nous avons voté avec la majorité un « plan ASE 2024-2027 » et la création d’une Mission d’Information et d’Evaluation (MIE) sur la politique enfance. Ce plan présente quelques aspects positifs, des mesures nécessaires susceptibles d’améliorer la situation des jeunes placés dans le Département.

Cependant, nous ne sommes pas dupes des manœuvres de la majorité, contrainte de mettre aux voix une MIE déposée par notre groupe sur le sujet. Pour paraitre à l’initiative, l’exécutif a associé à cette MIE un plan censé apporter des solutions jusqu’en 2027.

Ce plan a été élaboré dans la précipitation, car il n’est même pas entièrement anticipé par le budget primitif voté en 2024, comme l’a indiqué la Présidente en Assemblée.

Ce plan est un début, mais il n’est pas complet. Nous aurions préféré voter des mesures d’urgence immédiatement et attendre les conclusions de la MIE dans 6 mois pour présenter un réel plan 2025-2028 ambitieux et abouti.

Malgré de réelles divergences sur la méthode, nous prenons acte des engagements de la Présidente qui a garanti que toutes les questions pourraient être traitées sans tabou dans le cadre de la MIE sur la protection de l’enfance.

Discours liminaire du 18 mars

Comme vous l’avez rappelé Madame la Présidente, saluons tout d’abord l’intronisation officielle de Pays de Montbéliard Agglomération comme capitale française de la culture 2024.

Souhaitons que le Joyeux Bazar de l’inauguration marque une année riche pour le nord de notre département que manifestement au vu de certains commentaires entendus dans la presse nationale, certains ne s’attendaient pas à voir sur ce terrain-là ! Mais la culture, ce n’est pas qu’à Paris et ceux qui connaissent le territoire savent qu’ils regorgent de talents.

Nous tenions également à saluer le destin d’un immigré arménien qui ne s’attendait certainement pas non plus à reposer au Panthéon, 80 ans après sa mort.

Missak Manouchian, dont la Nation toute entière a choisi d’honorer la mémoire. Un grand résistant dont le courage et l’engagement ont marqué notre histoire.

Son entrée au Panthéon, avec sa femme Melinée, elle aussi résistante, n’est pas seulement un symbole de reconnaissance, c’est un rappel de la lutte incessante contre l’oppression et l’injustice que nous devons mener.

Il est déplorable à cet égard que certains choisissent de s’offusquer de la vue de drapeaux communistes, symboles même de la résistance de Manouchian, tout en restant silencieux sur le véritable problème : la présence de l’extrême droite à cet hommage. Une extrême droite qui s’est imposée à la cérémonie officielle bien que jugée indésirable par les proches de celui dont il s’agissait d’honorer la mémoire.

L’extrême droite contre laquelle il se battait, qui l’a fusillé, lui et nombre de ses camarades. A l’heure où elle refait surface et quand il s’agissait de célébrer ceux qui avaient le courage de la combattre les armes à la main quand elle imposait sa terreur, la dignité imposerait de ne pas se tromper d’ennemis.

Un autre grand s’en est allé il y a peu.

Robert Badinter, qui a consacré sa vie à la justice et à la défense des droits humains. Son combat contre la peine de mort reste un des piliers de notre démocratie. La France perd un grand homme d’Etat.

L’abolition de la peine de mort a été acté après la dépénalisation de l’avortement en France, combat conforté tout récemment par l’inscription de ce droit dans la Constitution. Mis à part quelques voix, remarquées parfois localement, c’est presque l’ensemble des parlementaires qui se sont unis pour sacraliser ce droit toujours menacé.

Et comment ne pas s’indigner encore quand une chaine de télévision française, prétendument d’information, indique que l’IVG est la première cause de mortalité dans le monde ?

Nous profitons de cet épisode historique pour rappeler, au nom de notre soutien à ce droit fondamental pour les femmes, notre demande formulée en 2018 déjà de voir le Département autoriser le recours à l’IVG médicamenteuse dans ses structures.

C’est une mesure essentielle que vous pourriez mettre en place pour garantir l’accès à ce droit dans des conditions dignes et sûrs dans le Doubs. Car ce n’est pas encore le cas partout en France.

Nous restons fidèles à nos engagements pour la liberté, l’égalité et j’oserai, pour la fraternité. C’est dans cette optique que nous continuerons à nous battre pour une société plus juste et solidaire. Nous sommes minoritaires dans cette Assemblée et nous utilisons les outils à disposition des élus, fussent-ils dans l’opposition.

Nous aurons à débattre aujourd’hui de la troisième Mission d’Information et d’Evaluation que nous proposons. La première concernait l’ADAT et les malversations de son ancien directeur, récemment condamné par la justice, la deuxième sur la pollution des cours d’eau dont nous demandions la mise en place de mesures à même de régler le problème à sa racine.

Aujourd’hui, nous débattrons de la MIE déposée en décembre sur la protection de l’enfance. Personne ne dira le contraire, elles est aujourd’hui dans une situation critique, aussi bien au niveau national que dans le Doubs. Les structures et les modalités d’accompagnements et de placements sont saturées et les conditions de travail si éprouvantes pour les professionnels que certaines structures ne peuvent littéralement plus fonctionner.

Ce sujet est un marqueur, un indicateur très fort de l’état de notre société. Jamais ce service public n’a été autant en tension, jamais autant d’enfants n’ont eu besoin d’être accompagnés ou protégés.

Cette politique publique est essentielle.

Il s’agit pour nous de répondre à la question simple : est-ce que les moyens alloués répondent aux besoins du parcours de l’enfant, de sa naissance à sa prise d’autonomie ? Loin de rechercher une polémique qu’il serait indigne de porter sur un tel sujet, l’enjeu de cette MIE était pour nous de produire un diagnostic partagé de la politique de protection de l’enfance et une évaluation sincère des pratiques départementales.

Seul un bilan complet nous semble en mesure d’étayer de manière exhaustive et sans tabou les difficultés rencontrées sur le terrain pour évidemment déterminer et mettre en œuvre les solutions qui émergeront.

Nous aurons l’occasion d’en débattre, mais nous vous avons déjà fait part de notre étonnement de voir dans un même rapport un plan d’action et une évaluation de cette même politique sans même en attendre les conclusions.

Nous nous sommes aussi ému publiquement de constater que la MIE soumise au vote aujourd’hui n’est pas celle que nous vous avons envoyé. Pour n’éluder aucune question, nous défendrons au moment de l’examen du rapport un amendement qui nous semble de bon sens : que la MIE puisse fixer son programme en reprenant les différents points de la demande et en ajouter d’autres si besoin.

Je ne m’attarderai pas plus longtemps sur ce sujet, mes collègues y reviendront au moment du rapport.

Il y aussi la création de la SCIC pour le FC Sochaux Montbéliard, symbole de la mobilisation d’un territoire pour un football populaire avec une gouvernance partagée.

Enfin, la campagne électorale pour les élections européennes est lancée, j’invite toutes celles et ceux qui ne se déplacent plus aux bureaux de votes à aller s’inscrire sur les listes électorales.

Jamais dans le monde, les démocratie n’auront autant reculés.

Voter c’est notre liberté.

Liberté individuelle, mais aussi libertés collectives.

Merci de votre écoute.

Demande d’une réelle évaluation de la politique de l’enfance dans le Doubs

La Mission d’Information et d’Évaluation (MIE) au sujet de la politique de l’enfance demandée par le groupe DSES en décembre sera débattue et votée dans les délais prescrits par la loi lors de la prochaine Assemblée départementale le 18 mars.

Aujourd’hui, la protection de l’enfance est dans une situation critique, aussi bien au niveau national que dans le Doubs. Les structures et les modalités d’accompagnements et de placements sont saturées et les conditions de travail très éprouvantes pour les professionnels. Et cela questionne la qualité de la prise en charge des enfants et du travail réalisé auprès des familles.

Nous sollicitons une MIE afin d’examiner si les moyens alloués répondent aux besoins du parcours de l’enfant, de sa naissance à sa prise d’autonomie, pour identifier le cadre de coopération entre tous les acteurs et auditionner l’ensemble des partenaires du Département, dont l’une des principales compétences est l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).

L’enjeu de cette MIE est de produire un diagnostic partagé de la politique de protection de l’enfance et une évaluation sincère des pratiques départementales. Un bilan complet nous semble indispensable pour mesurer les difficultés rencontrées sur le terrain et, surtout, déterminer et mettre en œuvre les solutions qui émergeront pour améliorer la condition présente et future des enfants confiés.

Au vu des rapports soumis à l’ordre du jour de cette séance, il apparait que la majorité souhaite voter une MIE sur la politique de l’enfance…qui n’est pas celle qui doit être examinée ! En effet, plusieurs points soulevées dans notre demande de MIE sont écartés par la MIE présentée par la majorité.

Outre les questions légales qui se posent quant au fait de débattre d’une MIE différente, nous regrettons que la majorité « oublie » certaines thématiques majeures, comme l’adéquation entre les besoins et les moyens et celle des ressources humaines notamment. La situation dramatique de la protection de l’enfance devrait être examinée à la hauteur de ses enjeux et sans considération de clivages politiques. Nous regrettons que certaines questions ne soient pas à l’ordre du jour et cela nous contraint à défendre un amendement de bon sens et dans la ligne consensuelle que nous souhaitons : que la MIE puisse fixer son programme en reprenant les différents points de la demande et en ajouter d’autres si besoin.

Une majorité qui subit sa politique de droite

Nous n’avons pas voté le budget prévisionnel 2024 proposé par le groupe majoritaire parce que nous considérons qu’il ne sera pas en mesure de répondre aux besoins des Doubiens. Dans un contexte tendu, chaque arbitrage est crucial. On paie aujourd’hui des investissements de prestige alors que nous aurions fait pencher la balance du côté des solidarités, des personnes âgées, handicapées, de la protection de l’enfance.

La majorité de droite subit sa politique de droite : toujours moins d’impôt sur les ménages les plus fortunés et sur les entreprises les plus rentables. Le résultat n’est pas une surprise : moins de fonctionnaires, moins de services publics et des budgets d’austérité dans les collectivités locales. Le fait qu’ils dénoncent, avec nous, le désengagement de l’Etat est plus surprenant. C’est le signe d’une incohérence idéologique.

Au sérieux budgétaire, certaines collectivités répondent sérieux politique et présentent un budget en déséquilibre pour mettre la pression sur l’Etat et, surtout, allouer les bons moyens en face des besoins identifiés. Pour nous, héritiers de la tradition de gauche, nous ne voyons pas d’autres solutions que de mener une grande réforme fiscale pour trouver ces recettes. Les inégalités explosent, ce n’est pas un slogan d’affirmer que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres sont de plus en plus pauvres. Souhaitons-nous un meilleur partage de la richesse en 2024 !

Désengagement de l’État et protection de l’enfance en danger

C’est la Présidente qui l’annonce elle-même en présentant le budget prévisionnel : « la traversée 2024 ne sera pas de tout repos ». Il y a des causes conjoncturelles bien sûr. Mais c’est bien l’État qui met en péril les collectivités locales avec des dotations qui ne suivent pas l’inflation. C’est l’État qui prive les collectivités de leur autonomie fiscale et qui les assigne à un rôle purement gestionnaire.

Nous partageons ce constat. Nous sommes cependant étonnés qu’une majorité de droite qui peine à mener une politique locale avec toujours moins de moyens reste solidaire des revendications portées au niveau national par leur famille politique : moins d’impôts, moins de fonctionnaires, moins de service public. C’est pourtant bien cette idéologie qui prive notre Département des moyens nécessaires pour proposer un budget répondant aux besoins des Doubiens.

Pour ne citer qu’un seul exemple sur une thématique chère à notre Département, Oxfam France vient de rendre un rapport rapportant que trois niches fiscales relatives au secteur du logement ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans. 11 milliards d’euros, de quoi financer plus de 70 000 logements sociaux.

Et dans notre Département, il en manque beaucoup, surtout sur la bande frontalière. Les documents d’urbanisme tablent sur une hausse de 21 800 habitants sur 20 ans. Que font les communes du Haut-Doubs pour soutenir la politique de logement dans un tel climat de tension sur l’offre et les prix ? Pas grand-chose en réalité. La solution que le Département a trouvée dans l’urgence avec les bailleurs sociaux pour loger les plus pauvres est l’installation de Tiny House.

Doit-on se résoudre à voir naitre le plus grand village de Tiny House sur la zone frontalière ou faut-il trouver les moyens de mener une politique de logement digne de ce nom ? Avant 2020, il était possible pour les conseillers départementaux d’interroger les services de l’État, avec la venue du Préfet une fois par an lors d’une Assemblée. Nous souhaitons que cette rencontre revienne à l’ordre du jour du Département.

Avec le désengagement de l’État, c’est la situation catastrophique de la protection de l’enfance qui nous inquiète au plus haut point. Alors qu’il était annoncé dans la presse et aux syndicats une augmentation de 10% du budget du CDEF (Centre Départementale de l’Enfance et de la Famille), la majorité départementale prévoit au contraire une baisse de 1.8% du budget de fonctionnement de cette structure au BP24 comparé à ce qui a été voté en 2023. On se demande comment cela est susceptible d’améliorer les choses alors que le personnel est à bout et se plaint d’un manque de considération de la part des élus de la majorité.

Pour pallier à l’urgence, nous avons formulé plusieurs propositions : deux personnes minimums pour accompagner les enfants confiés dans les maisons la nuit, ce qui n’est pas le cas actuellement et ce qui pose des questions de sécurité grave au personnel. Autres actions concrètes : une prise en charge CMU automatique pour les enfants confiés qui peuvent être refusés par certains médecins faute de documents, et accès au tarif CAF le plus faible pour les centres de loisirs alors qu’actuellement c’est le quotient familial maximum qui leur est appliqué.

Pour faire la lumière sur la politique de la protection de l’enfance menée dans le Département du Doubs, nous demanderons le vote d’une Mission d’Information et d’Évaluation sur le sujet.

Claude Dallavalle

Discours liminaire budget prévisionnel 2024

Discours liminaire prononcé par Claude Dallavalle le 18 décembre 2023 lors du vote du budget prévisionnel 2024 du Département du Doubs.

Ce n’est pas dans ce discours que nous reviendront sur les rapports de cette Assemblée, nous exprimerons nos positions sur chaque politique au fil des débats. Permettez-nous de consacrer le temps de parole de notre groupe politique à ce qui constitue pour nous l’un des principaux fils conducteurs de cette session budgétaire : le désengagent de l’État vis-à-vis des collectivités locales, condamnées à toujours faire plus avec moins.

Je me contenterai d’illustrer ce désengagement avec un seul exemple qui pointe sans aucune ambiguïté la responsabilité qui est celle de l’État sur une thématique chère à notre Département : le logement. Il y a à peine plus d’une semaine, Oxfam France a calculé que trois niches fiscales relatives au secteur du logement ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans. 11 milliards d’euros, de quoi financer plus de 70 000 logements sociaux. Combien en manque-t-il dans notre Département ?

Et des exemples, vous savez très bien qu’il y en a d’autres. Cet argent manque cruellement. C’est avec l’aide de votre famille politique que le Gouvernement fait voter ces lois au Parlement. Ces lois qui nous privent de moyens. Ces lois qui privent les collectivités de la possibilité de mener à bien leurs missions de service public.

Nous le remarquons ici, dans les rapports que vous soumettez au vote, il y a beaucoup de conditionnel sur les crédits qui seront alloués, ou pas, par l’État. Et nous le savons, c’est difficile quand on est en responsabilité de construire un budget quand on va dans l’inconnu. Le problème est de taille car les Départements ont perdu toute leur autonomie fiscale et dépendent donc de dotations nationales qui restent pour partie encore incertaine. Et quand elles sont assurées, elles ne sont pas réévaluées à la hauteur de l’inflation.

Pour le reste des recettes, ce n’est guère mieux. Peu de visibilité sur les DMTO, même si tous les indicateurs sont à la baisse. Quid de la taxe sur les assurances ? Le prix des contrats s’envole, ce qui pousse certaines collectivités à ne plus assurer certains bâtiments. Et la taxe sur l’aménagement ? 

Sans aucun levier financier, nous voilà simple guichet, nous nous contentons de gérer l’argent qu’on daigne nous donner, tout en sachant que ce ne sera pas assez. Et sans marge de manœuvre, ou presque, les arbitrages sont d’autant plus importants. Je crois que nous n’avons pas fini de répéter que vos choix ne sont pas les nôtres. Nous n’avons pas le même sens des priorités. 

Vous présentez un budget avec des investissements supérieurs à 100 M. d’€.  Pour les assurer vous faites appel à l’emprunt et, aujourd’hui, les taux sont de plus en plus volatiles, donc beaucoup moins sécurisants. Vous renoncez à la politique de priorisation donnée à l’autofinancement. Vous avez précisé au BP que cela était possible grâce à votre bonne gestion. Nous n’avons pas la même lecture : depuis que vous êtes à la tête du Département, vous avez privilégié l’épargne brute en rognant sur les dépenses de fonctionnement et en retardant les investissements indispensables au cœur de nos compétences. Votre marge de manœuvre coute aujourd’hui très cher à la collectivité.

Quand de lourds investissements sont enfin programmés pour les collèges alors que c’était hier qu’il fallait les conduire, c’est tous les services qui sont aujourd’hui en difficulté et que l’on peut difficilement aider. Certains qui étaient sous l’eau depuis plusieurs années sont maintenant en train de craquer, littéralement.

C’est bien votre politique menée durant 6 années qui vous amènent à rattraper aujourd’hui les retards pris au niveau des investissements, mais aussi au niveau des solidarités humaines. Et tout cela est accentué par les désengagements de l’État, combiné par des conditions sociales de plus en plus précaires.

Nous sommes le chef de file des solidarités humaines et les besoins sont de plus en plus importants. Nous le verrons lors de l’examen des dossiers de la première commission, celle des solidarites humaines. 62 % du budget est consacré à cette politique. Le même pourcentage que pour le BP 2023 alors que les besoins augmentent.

Vous faites un effort financier important d’1 M d’€ pour aider 9 EHPAD en grande difficulté. C’est salutaire, mais nous savons que tous que cela ne suffira pas. Cette aide imputée au budget 2023 des établissements ne suffira pas pour combler leur déficit de l’année qui s’achève. Nous savons tous aussi que c’est l’Etat qui devrait apporter une aide conséquente. Alors que différents rapports indiquaient qu’au niveau national, ce sont environ 10 Milliards qui seraient nécessaires, il est annoncé 700 millions pour les 5 000 EHPAD et services à domicile pour finir l’année. Et nous attendons depuis des années cette Loi Grand Age qui est maintenant annoncée pour 2024. Mais en attendant cette Loi, comment vont-ils fonctionner ? Sera-t-on encore obligé d’en aider certains en 2024 ?

Financièrement nombre de Départements sont en souffrance, ils ne peuvent plus assurer leur rôle de chef de file des Solidarités Humaines et le nombre risque d’empirer dès 2025 si l’État ne répond pas à leurs demandes

Bien sûr, vous présentez un budget équilibré, ce qui est demandé aux collectivités locales, la base d’une bonne gestion. Mais répond-il réellement aux besoins de la population doubienne ? Pour remplir notre mission n’aurait-il pas fallu présenter un budget déséquilibré ? Tout en sachant que cela aurait attiré les foudres des hautes autorités ? Ou alors faut-il se résoudre à abandonner ou à délaisser certaines politiques fort utiles pour le Département et ses administrés.

Madame la Présidente, avant 2020, nous avions une session où nous pouvions interroger les Services de l’Etat. Nous souhaitons que cette rencontre revienne à l’ordre du jour d’une séance du Département.

Et je ne peux pas terminer ma prise de parole sans adresser un grand merci à Mme Galmiche pour son investissement pour la collectivité. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et nous savons qu’elle sera encore très occupée dans d’autres activités toujours au service des autres.

Nous voulons aussi remercier l’ensemble de nos agents pour leur travail au service des habitants de notre beau Département.

Loupé financier et mascarades

En présentant ses orientations budgétaires 2024 et la perspective financière sur plusieurs années, le Département du Doubs acte son choix de recourir à l’emprunt. Jusqu’alors, la majorité avait préféré soigner son niveau d’épargne et privilégier des investissements de prestige. Résultat : retards sur les programmes directement concernés par ses compétences comme la modernisation des collèges et des routes. En ratant le coche, les investissements sont plus lourds aujourd’hui et ces programmes prennent du retard. Sans compter que les taux d’intérêt s’envolent.

Nous avons déjà dénoncé à plusieurs reprises ce sous-investissement et cette gestion financière. Cette négligence a atteint des sommets avec la volonté de l’exécutif d’attribuer la définition de la stratégie VTT du département directement à l’association Espace Nordique Jurassien. Une procédure qui ne nous apparaissait pas réglementaire. Bien conscient du risque juridique encouru, un rapport proposé en Commission permanente revenait sur la précédente délibération et actait, cette fois, le lancement d’un appel à projets pour le développement de l’offre VTT dans le Doubs. Nous avons voté contre cette mascarade.

L’arrivée toujours plus importante des mineurs non accompagnés (MNA) questionne la qualité de l’accueil et de l’évaluation de ces jeunes se présentant mineurs. Nous avons formulé plusieurs propositions : présence d’une tierce personne pendant l’évaluation, solliciter les associations pour avoir recours à des capacités d’hébergement supplémentaires, mobiliser les places disponibles à Griffon, développer l’accueil familial et assurer une prise en charge pour les jeunes manifestement mineurs choisissant d’exercer un recours auprès du juge pour enfants.

La majorité a présenté une motion pour alerter sur la situation de la protection de l’enfance qui n’est plus tenable pour les départements. Nous partageons nombre de constats et nous pensons que le soutien de l’Etat aux départements est indispensable. Nous nous sommes néanmoins abstenus sur cette motion. Non seulement nous n’avons jamais été concertés alors que deux élus avaient rencontré la Présidente du Département la semaine précédente à ce sujet et la majorité a crû bon d’ajouter des paragraphes mettant en cause certaines collectivités, ce qui nous semble inacceptable.

Et parce que le débat public mérite certains égards, nous avons souhaité aussi rebondir sur la question de l’amiante, revenue de manière brutale sur le devant de la scène médiatique bisontine. Accusations de mensonges et propos virulents tenus lors d’une conférence de presse ont nécessité un article le lendemain pour démêler le vrai du faux, fait assez rare pour être souligné. Nous avions demandé les audits amiantes au département sur les collèges, malgré les promesses, nous n’avons toujours rien reçu aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est qu’au moins 4600m² de surfaces à désamianter se trouvent au collège de Pouilley-les-Vignes, dont Ludovic Fagaut est proviseur. Ce sujet, qui touche l’ensemble des collectivités, est trop sérieux pour en faire une polémique stérile.

Discours liminaire du 23/10/23

Plus les événements s’enchainent, plus le temps avance, plus nous avons la désagréable impression de plonger davantage encore dans le terrible. 

Parmi tous les périls qui menacent notre monde en ce début de XXIème siècle, le terrorisme tient une place prépondérante, sans doute la plus abjecte, la plus inhumaine. Israël a été frappé de manière horrible. Pouvoir penser qu’une cause puisse justifier le meurtre de civils, d’hommes, de femmes, de jeunes, de vieux, d’enfants, de nourrissons dans leurs berceaux, est l’une des manifestations de la folie de notre époque. 

Après cette attaque, ce pogrom, Israël est en droit de se défendre contre un groupe terroriste qui souhaite sa disparition. C’est tout à fait légitime. Ce qui ne l’est pas, c’est de se laisser entrainer par une vengeance aveugle et de répondre à l’horreur par l’horreur. Il n’y a pas de vies supérieures à d’autres. A Gaza aussi des enfants meurent, la population civile est ciblée par les bombardements, privée d’électricité, privée d’eau potable. 

Après l’émotion et le choc suscité par l’attaque du Hamas, le monde est bouleversé par les images de dévastation provenant de Gaza. Et tout le monde retient son souffle en espérant que le pire ne soit pas, encore, devant nous. 

La spirale de la violence doit être enrayée, c’est facile de le dire et ce n’est pas nos paroles qui pourraient y changer grand-chose. Il semble tout de même important de rappeler dans cet hémicycle que ce cycle ne peut prendre fin qu’avec la perspective d’une solution à deux Etats. A défaut, l’une des parties disparaitra. Cette position, celle du droit international et de la diplomatie française, ne semble possible qu’à deux conditions : le démantèlement des groupes armés et la fin de la politique de colonisation des territoires palestiniens. 

La résolution de ce conflit nous concerne directement, car il est l’un des terreaux sur lequel l’islamisme fondamental s’appuie pour frapper chez nous aussi. Pour la deuxième fois en 3 ans, un enseignant est mort pour ce qu’il représente : le savoir et la tolérance face au fanatisme et à l’obscurantisme. Nous exprimons ici notre plus grand hommage à la famille de Dominique Bernard, ainsi qu’à celle de toute la communauté éducative, gardienne des valeurs démocratiques et laïques. L’école c’est l’émancipation et ça le restera ! 

C’est dans ce contexte particulier que le département doit accueillir les centaines de mineurs non accompagnés qui se présentent dans le Doubs chaque année.  

Nous saluons les agents qui travaillent en première ligne dans des conditions de plus en plus difficile et dont les responsables hiérarchiques se retrouvent exposés dans la presse pour défendre la politique du département concernant les mineurs non accompagnés. 

Une politique qui questionne tous les départements et pour laquelle le soutien de l’Etat se fait attendre. 

C’est d’ailleurs de manière générale que le soutien de l’Etat se fait attendre pour soutenir les départements, l’échelon de collectivité sans doute le plus mis à mal par la conjoncture. Entre hausse des besoins sociaux et baisse des recettes, c’est peu de dire que l’équilibre financier est précaire et instable et que nous n’avons plus les moyens de présenter autre chose qu’un budget d’austérité. 

Vous vous offusquez souvent lorsque nous vous adressons des critiques sur vos choix, mais force est de constater qu’elles sont souvent justifiées

Les difficultés des SAAS en CPOM sont aujourd’hui exposées sans détour, vous avez reculé sur l’attribution de la politique VTT à l’Espace Nordique Jurassien en lançant un appel d’offres face au risque juridique que nous avions signalé lors de l’examen de votre précédente délibération. 

Vous êtes maintenant conscients que pour la transition, il faut des moyens sur les audits, sur le personnel compétant, etc. 

Notre rôle d’opposition est utile, et nous nous en servons pleinement au service de l’intérêt général, même si nous avons conscience que beaucoup de choses nous échappent encore. 

Nous avons la conviction que la situation départementale serait meilleure aujourd’hui si vous aviez suivi nos préconisations et celle de la chambre régionale des comptes, en ayant recours à l’emprunt pendant qu’il était encore temps alors que les retards d’investissements sur les collèges ou les routes était évident et que nous dénoncions un sens des priorités qui n’était pas le nôtre. 

Discours liminaire de Monique Choux

Discours prononcé par Monique Choux lors de l’Assemblée Départementale du 25 septembre 2023

Cette session de septembre est pour nous l’occasion de parler de la rentrée sociale.

La fin de l’été a été marquée par la crainte des différents organismes d’aide alimentaire de ne pas pouvoir faire face à la hausse constante de la précarité et du nombre des plus démunis. Aujourd’hui, certaines familles, certains jeunes, ne peuvent même plus se permettre de choisir entre loisirs et nourriture. C’est dramatique mais nous en sommes là.

Ne plus manger à sa faim et sauter des repas est la triste réalité de plus en plus de monde.

Même si c’est bienvenu dans le contexte actuel, les quelques gestes de charité consenti par quelques fortunés, comme les 10M€ d’euros de dons provenant de la famille Arnault versés aux Restos du Cœur, n’inverseront pas la tendance.

Nous savons que c’est un élan de générosité collectif sans précédent qu’il nous faut financer de manière pérenne.

 C’est l’Etat qui se trouve en première ligne sur le sujet et c’est à lui que les organismes d’aides alimentaire font appel, notamment en lui demandant une revalorisation des minimas sociaux.

Nous pensons aussi que les départements doivent avoir leur part dans l’effort.

Les départements se doivent en effet de financer la solidarité, c’est même le cœur de leurs compétences.

 Et encore une fois, nous nous interrogeons sur le sens des priorités de votre mandat.

L’argent ne tombe pas du ciel et dans un contexte de pénurie, les choix sont d’autant plus vitaux. Nous avons voté pour l’attribution d’une subvention exceptionnelle de 1M€ pour sauver le centre de formation du club de foot de Sochaux et nous ne le regrettons aucunement.

Mais seulement, est-il possible de faire le même effort pour soutenir le secteur de l’aide alimentaire ? La rénovation ou la construction d’EHPAD ?

Sommes-nous capables du même effort sur d’autres volets liés à la solidarité ?

Car il ne faudrait pas chercher bien loin pour trouver des dizaines de très bonnes justifications pour verser une aide exceptionnelle. L’urgence et les besoins se font ressentir partout.

C’est dans ce contexte qu’une salle de musique à la Saline royale d’Arc et Senans qui aura couté à elle seule 10M€ au Département vient d’être inaugurée. Alors que sa localisation et son coût font débat, que cet équipement manque ailleurs,

 est-ce pertinent de réaliser des dépenses si fastueuses en période de crise sociale et environnementale ?

Et combien le Département injectera dans le futur pour favoriser le développement du transport aérien en aidant l’aéroport de Dole ? L’offre touristique à la station de Métabief ?

 Ou peut-être que vous en avez cette fois fini avec cette politique dispendieuse et que vous vous concentrerez à l’avenir sur l’indispensable transition climatique et sur les missions prioritaires du département, chef de file des solidarités rappelons le ?

Depuis notre dernière Assemblée Départementale, de graves événements ont secoué presque tous les quartiers de France. Des émeutes violentes qui ont fait craindre le pire et qui posent de nombreuses questions.

Rien ne peut justifier les pillages, les incendies et les destructions de bâtiments publics, d’écoles, de mairies, de commissariats qui ont eu lieu au début de l’été. Ces actes inexcusables sont commis par des personnes, souvent jeunes, qui expriment de manière totalement inapproprié un fort sentiment d’injustice et d’abandon.

Monsieur le Vice-président en charge du retour à l’emploi, de l’insertion et de l’action sociale, je vous avais adressé un mail vous demandant s’il vous était possible de détailler pour la commission1  les montants que le département alloue au QPV de Planoise. Vous ne m’avez pas répondu…

 En commission, vous avez d’abord dit avoir tous ces chiffres, mais que vous ne les donneriez pas, considérant que ceci n’était pas une tâche qui vous revenait, mais un travail de collaborateurs. Vous avez changé de version à la fin de la Commission, en disant que, finalement, ce travail était en fait impossible…

Je profite de ma prise de parole pour vous réinterroger au nom de notre groupe Monsieur le Vice-président. Vous nous aviez indiqué en janvier dans cette Assemblée que le Département avait alloué 17 M€ à Planoise en 2022.

Ces chiffres ne doivent pas sortir de nulle part. Dans l’addition des grandes lignes que vous avez présentée, il manque 2.2 M€ pour parvenir à ce résultat de 17 M€

 Je vous repose donc la question, à quoi correspondent-ils ?

 Et pourquoi allouer des dépenses obligatoires, comme le RSA pour 10M€ ? Celles liées au collège ou, d’autres encore, qui concernent l’ensemble du département ? Cela ne nous permet pas de déterminer quels   réels   efforts notre collectivité alloue sur ce territoire précis alors qu’il se trouve en grande difficulté ?

Nous, habitants et élus de Planoise, avons l’impression que ce quartier est encore trop laissé à l’abandon par le Département.

 Notre groupe, d’ailleurs, tient à saluer l’action de mon binôme Aly Yugo, qui a lancé un appel citoyen pour effectuer des veilles au plus fort des émeutes afin que les festivités de la fête nationale se passent dans les meilleures conditions, ce qui a été le cas avec l’aide également des forces de l’ordre.

A travers les échanges que nous avons dans le quartier ou ailleurs, nous savons que le Département n’a pas été à la hauteur lors du précédent contrat de ville.

 Nous sommes à un moment charnière ;     les prochains contrats de ville étant en cours d’élaboration. Est-ce que le département a entamé un travail de rapprochement avec les autres acteurs sur cette question ?

Sera-t-il plus généreux dans cette nouvelle mouture ? Et bien sûr, nous ne parlons pas là que de Planoise, mais bien de l’ensemble des  QPV du Doubs.

L’alerte sociale, c’est aussi les défis posés par la question migratoire et l’arrivée plus nombreuses de jeunes MNA dans notre département.

 Nous avons tous reçu la semaine dernière un mail et une lettre bouleversante signée par « des jeunes en recours ».

 Beaucoup de jeunes qui arrivent sur le territoire ne sont pas reconnus mineurs par le département et se retrouvent à errer dans les rues de Besançon.

Nous ne cautionnons pas les méthodes parfois employées par certains militants. Nous ne tolérons pas les occupations de locaux qui peuvent mettre en difficulté les agents du département, ni les mises en cause personnelles, ni les pressions qui peuvent être exercées sur les élus ou les agents.

Ce qui nous intéresse, c’est de nous concentrer sur le fond du problème. Parce que c’est bien la politique du département du Doubs qui est mise en accusation.

 Et à ce titre des réponses devront être fournies.

Et sur ce sujet, croyez-bien que nous faisons preuve d’humilité. Personne n’a de solutions, ni vous, ni nous. Nous savons que les migrations vont sans doute encore s’accentuer et nous ne pouvons déjà plus répondre aujourd’hui. Comment ferons-nous demain ?

Nous avons noté avec grand intérêt la proposition de 24 présidents de départements qui demandent à Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance, l’organisation d’Etats Généraux de la protection de l’enfance en 2024.

La démarche nous parait intéressante et absolument nécessaire, parce qu’il n’y a pas que la situation des MNA qui est inquiétante.

Nous nous proposons de travailler ce sujet avec vous.

Pour que vive le foot populaire

Est-ce souhaitable de dépenser de l’argent public pour sauver dans l’urgence un club de foot ? L’interrogation est légitime, mais nous avons tranché. Le vote de la subvention exceptionnelle d’1M€ pour ne pas laisser mourir le FCSM a été unanime. C’est beaucoup d’argent, mais les collectivités publiques se devaient d’apporter leur contribution et participer à la mobilisation générale.

Sochaux c’est plus qu’un club de foot. C’est un patrimoine, la fierté d’un héritage glorieux. C’est le club de la Peuge, celui des ouvriers et de ses patrons, à l’origine du plus ancien club pro de France et l’un des meilleurs centres de formation. Sochaux c’est le foot populaire par excellence, que ses propriétaires ont finalement vendu au foot business pour une bouchée de pain et une question d’image, qui ne collait plus avec la stratégie de montée en gamme de la marque au Lion.

Alors que le patron de Stellantis n’a pas pris ses responsabilités, quelques millions au regard des milliards de bénéfices du groupe, l’élan se concrétise et donnera naissance à une structure coopérative qui réunira des investisseurs régionaux, des milliers de supporters et des collectivités. C’est une fierté pour nous qu’un tel modèle vienne sauver des dérives capitalistiques néo-libérales. Tous auront à cœur de relever les défis, de limiter les dégâts humains et de faire vivre le nouveau slogan du club : « même histoire, nouveau chapitre ».

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