Discours liminaire de Magali Duvernois

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux, chers collègues,

J’étais tentée de commencer ce liminaire par « on vous l’avait bien dit » et reprendre cette expression comme un leitmotiv tant ce qui nous arrive aujourd’hui était prévisible.

En effet, on nous répète souvent qu’il faut parler de politique locale et oublier la politique nationale. Mais soyons clairs : en ce jour, où nous devons débattre des orientations budgétaires pour 2025 ; nous ne pouvons plus l’ignorer : les décisions prises à Paris ont des conséquences directes sur notre budget ici, dans le Doubs. Le gouvernement nous demande 5 milliards d’économies. Ce n’est rien de moins que le résultat d’une politique fiscale catastrophique menée depuis plusieurs années. Une politique fiscale qui interroge systématiquement les dépenses pour mieux cacher les cadeaux faits aux plus riches.

Prenons un exemple simple. Le gouvernement demande 5 milliards d’économies aux collectivités locales alors que la suppression de la CVAE, cette taxe sur la Valeur Ajoutée des Entreprises représente un manque à gagner de 9 Milliards soit quasiment le double de ce qui est demandé aux collectivités locales. Mme la Présidente, chers collègues de la majorité, nous aurions pu croire en votre indignation face aux efforts demandés aux collectivités mais, mais, lorsque nous vous avions proposé une motion dénonçant la suppression de cette taxe, vous aviez refusé de la voter en arguant le fait qu’il fallait laisser le gouvernement, votre gouvernement  de droite puisqu’il avait promis de compenser cette perte pour les collectivités …. Nous voyons le résultat un an après  !!!!

Force est de constater que cette promesse n’a pas été tenue et que c’est nous, collectivités locales, qui payons aujourd’hui le prix de ces choix.

Plutôt que de toujours chercher des économies, pourquoi ne parle-t-on jamais des recettes ? Pourquoi ne pas revenir à une fiscalité plus juste, en imposant davantage les plus riches, qu’il s’agisse des ménages ou des grandes entreprises ? C’est par cette voie que nous pourrions réellement financer les politiques publiques dont notre pays a besoin, et non en étranglant les collectivités.

Nous devons arrêter cette politique fiscale qui a vu progressivement les plus riches et les grandes entreprises payer de moins en moins d’impôts : faut-il rappeler la suppression de l’ISF, l’instauration de la FlatTax et la CVAE dont je viens de parler… Ainsi, l’Observatoire des inégalités, confirme que les 500 plus grandes fortunes ont vu leur patrimoine multiplié par 4 en 10 ans, que les 10 premiers Milliardaires ont vu leur fortune doublée oui doublée depuis 2017 ; les plaçant ainsi parmi les plus riches au monde. Dans le même temps, le taux de pauvreté a augmenté atteignant 14,5 % , touchant notamment les jeunes et les familles modestes. Les enfants de moins de 18 ans étant particulièrement touchés avec un taux de 20,4 % . Et aujourd’hui, comble du cynisme, ce sont toutes ces personnes fragiles qui risquent d’être encore plus fragilisées. 

En effet, il est important de rappeler que les départements supportent aujourd’hui plus de 40 % de l’effort demandé aux collectivités territoriales. Cet effort, disproportionné, met en péril nos politiques de solidarité. Ne l’oublions pas, c’est le département qui gère le RSA, la protection de l’enfance, l’aide aux personnes handicapées et aux personnes âgées.

 En fragilisant ces budgets, ce sont ces citoyens que nous abandonnons. Ce sont les personnes les plus précaires que nous pointons du doigt comme boucs émissaires.

Et ne faisons pas l’erreur de les stigmatiser davantage. On parle souvent de fraude sociale, mais rappelons les chiffres : la fraude aux prestations sociales représente 1,1 milliard d’euros, contre 15,2 milliards pour la fraude fiscale. Où est le vrai scandale ? Et pourtant, près de 30 % des ayants droit n’accèdent même pas aux prestations sociales qui leur sont dues, notamment 34 % pour le RSA et 50 % pour le minimum vieillesse. Ce sont 4 milliards d’euros en 2022 qui ne sont pas réclamés.

Cette politique d’austérité brutale alimente également la montée de l’extrême droite. Le Rassemblement National, loin de défendre les collectivités locales, a demandé encore plus d’efforts de leur part. Ils ont proposé 15 milliards d’économies supplémentaires pour les collectivités locales lors de la présentation de leur contre-budget à l’Assemblée Nationale. Cette surenchère d’austérité fragilise encore plus nos territoires et nos services publics, tout en nourrissant un discours populiste dangereux. Et comble de l’immoralité, le RN attise la haine des plus fragiles pour récupérer leurs voix alors que ce sont eux qui les plongent dans une précarité toujours plus grande.

Le sacrifice de nos politiques publiques fait ainsi craindre le pire pour l’avenir, y compris la poursuite de la montée des extrêmes. Et n’oublions pas, cette cure d’austérité drastique fait peser une menace sur l’existence même des départements.

 Le gouvernement ne cache plus son intention de réduire le rôle des départements, voire de les supprimer à terme. Cette disparition signifierait la fin d’un échelon essentiel pour la solidarité dans notre pays.

Nous assistons donc à la suppression des filets de sécurité, renforcée par la suppression massive de postes, que ce soit dans la fonction publique d’État ou au niveau local. 4 000 postes d’enseignants disparaîtront au niveau national, et ici dans le Doubs, on parle de ne pas remplacer 45 postes. Comme si les fonctionnaires n’étaient qu’une variable d’ajustement, alors même qu’ils sont au cœur de notre réponse à la crise sociale tout comme ils l’ont été au moment de la crise sanitaire. Leur travail est essentiel, mais aujourd’hui, on les sacrifie sur l’autel de la rigueur budgétaire.

Au niveau départemental, certains services sont déjà en souffrance et nécessitent plus de personnel, et non moins. Nous arrivons à un point où vous proposez lors d’un rapport de ne plus assurer des missions cruciales comme la sécurité sur nos routes et nous verrons que cette décision risque de mettre en danger des salariés doubiens. Cela est inacceptable.

Cette séance sera aussi l’occasion d’aborder le budget alloué aux collèges. Je tiens à avoir ici une pensée pour notre collègue, Rémi Nappey, qui en 2017, s’opposait fermement, au nom de notre groupe, à la décision de transférer la gestion de la viabilisation énergétique aux établissements scolaires. Aujourd’hui, 7 ans après, vous revenez en arrière ! Là encore je pourrai à nouveau rappeler « on vous l’avait bien dit » !

Alors, chers collègues de la majorité, quand certains d’entre vous abordent quelquefois un air condescendant à notre égard, peut-être serait-il bien d’  écouter nos propositions et nos remarques.

 En 2017, on nous disait que cela responsabiliserait les chefs d’établissement, comme si ces derniers étaient enclins à gaspiller l’argent public. Mais au final, le département a dû faire face à une inflation record des coûts de l’énergie, avec une moindre capacité à réaliser des achats groupés.

Combien cela nous a-t-il coûté ?   Ce sont ces décisions hasardeuses qui ont fragilisé nos finances publiques.

En conclusion, mes chers collègues, nous attendons peu de choses concernant ce débat sur les orientations budgétaires tant que nous n’aurons pas une véritable politique fiscale juste et équitable au niveau national, tant que nous ne retrouverons pas nous, collectivités, une indépendance fiscale. Nous n’avons même plus à arbitrer entre telles ou telles orientations budgétaires puisque nous n’avons plus la capacité budgétaire de mener de réelles politiques publiques.

Je vous remercie

Un clivage affirmé entre gauche et droite sur la politique départementale

Lors de cette Assemblée départementale, nous avons pu rappeler notre ferme opposition au vote d’une nouvelle enveloppe de 2 M€ au SMMO, le syndicat qui gère la station de ski de Métabief. Pour nous, cette rallonge budgétaire est un acte d’irresponsabilité de la majorité qui s’entête à financer quasiment seule une station de ski de moyenne montagne condamnée par des hivers de moins en moins enneigés. Surtout, cela se fait au détriment du soutien aux habitants qui en ont le plus besoin.

Ce choix budgétaire est en soi le signe d’un clivage politique entre une droite qui préfère subventionner un investissement de prestige voué à l’échec plutôt que de se concentrer sur les prérogatives et les compétences obligatoires d’un exécutif départemental : le social, le soutien aux personnes âgées et handicapés, etc.

Parallèlement, la majorité départementale est incapable d’imaginer un autre horizon que la perspective d’une rigueur budgétaire. Nous, nous pensons que des ressources supplémentaires doivent être trouvées pour répondre aux besoins de nos concitoyens via les collectivités. Attaqués grossièrement sur la question des impôts, les élus du groupe DSES réaffirment leur soutien à une politique de hausse de la fiscalité sur les profits, les produits financiers et les hauts revenus.

La défense du pouvoir d’achat des classes moyennes et des plus précaires n’est pas un sujet non plus pour les élus de droite. Ils ont refusé une motion déposée par les élus DSES qui visait à préserver le revenu des agents de la collectivité en congé de longue maladie. Pire, ils n’ont même pas voulu débattre de la situation d’agents du Département qui se battent contre la maladie et qui se verront, dès le 1er juillet, amputé d’une partie de leur salaire.

Dans le contexte national inquiétant que nous connaissons, les élus du DSES soutiennent sans ambiguïté le projet défendu par le Nouveau Front Populaire. Conscients de la gravité du moment, les partis de gauche ont su s’unir face au péril de l’extrême droite. A ce titre, Magali Duvernois se confronte avec courage contre le Rassemblement National. On ne peut pas en dire autant de la droite qui se fracture et qui perd ses repères quand le numéro 2 du parti Les Républicains dans le Doubs se présente sous la bannière de l’extrême droite et que la droite ne présente aucun candidat dans l’une des deux circonscriptions de Besançon.

Discours liminaire du 18 mars 2024

Comme vous l’avez rappelé Madame la Présidente, saluons tout d’abord l’intronisation officielle de Pays de Montbéliard Agglomération comme capitale française de la culture 2024.

Souhaitons que le Joyeux Bazar de l’inauguration marque une année riche pour le nord de notre département que manifestement au vu de certains commentaires entendus dans la presse nationale, certains ne s’attendaient pas à voir sur ce terrain-là ! Mais la culture, ce n’est pas qu’à Paris et ceux qui connaissent le territoire savent qu’ils regorgent de talents.

Nous tenions également à saluer le destin d’un immigré arménien qui ne s’attendait certainement pas non plus à reposer au Panthéon, 80 ans après sa mort.

Missak Manouchian, dont la Nation toute entière a choisi d’honorer la mémoire. Un grand résistant dont le courage et l’engagement ont marqué notre histoire.

Son entrée au Panthéon, avec sa femme Melinée, elle aussi résistante, n’est pas seulement un symbole de reconnaissance, c’est un rappel de la lutte incessante contre l’oppression et l’injustice que nous devons mener.

Il est déplorable à cet égard que certains choisissent de s’offusquer de la vue de drapeaux communistes, symboles même de la résistance de Manouchian, tout en restant silencieux sur le véritable problème : la présence de l’extrême droite à cet hommage. Une extrême droite qui s’est imposée à la cérémonie officielle bien que jugée indésirable par les proches de celui dont il s’agissait d’honorer la mémoire.

L’extrême droite contre laquelle il se battait, qui l’a fusillé, lui et nombre de ses camarades. A l’heure où elle refait surface et quand il s’agissait de célébrer ceux qui avaient le courage de la combattre les armes à la main quand elle imposait sa terreur, la dignité imposerait de ne pas se tromper d’ennemis.

Un autre grand s’en est allé il y a peu.

Robert Badinter, qui a consacré sa vie à la justice et à la défense des droits humains. Son combat contre la peine de mort reste un des piliers de notre démocratie. La France perd un grand homme d’Etat.

L’abolition de la peine de mort a été acté après la dépénalisation de l’avortement en France, combat conforté tout récemment par l’inscription de ce droit dans la Constitution. Mis à part quelques voix, remarquées parfois localement, c’est presque l’ensemble des parlementaires qui se sont unis pour sacraliser ce droit toujours menacé.

Et comment ne pas s’indigner encore quand une chaine de télévision française, prétendument d’information, indique que l’IVG est la première cause de mortalité dans le monde ?

Nous profitons de cet épisode historique pour rappeler, au nom de notre soutien à ce droit fondamental pour les femmes, notre demande formulée en 2018 déjà de voir le Département autoriser le recours à l’IVG médicamenteuse dans ses structures.

C’est une mesure essentielle que vous pourriez mettre en place pour garantir l’accès à ce droit dans des conditions dignes et sûrs dans le Doubs. Car ce n’est pas encore le cas partout en France.

Nous restons fidèles à nos engagements pour la liberté, l’égalité et j’oserai, pour la fraternité. C’est dans cette optique que nous continuerons à nous battre pour une société plus juste et solidaire. Nous sommes minoritaires dans cette Assemblée et nous utilisons les outils à disposition des élus, fussent-ils dans l’opposition.

Nous aurons à débattre aujourd’hui de la troisième Mission d’Information et d’Evaluation que nous proposons. La première concernait l’ADAT et les malversations de son ancien directeur, récemment condamné par la justice, la deuxième sur la pollution des cours d’eau dont nous demandions la mise en place de mesures à même de régler le problème à sa racine.

Aujourd’hui, nous débattrons de la MIE déposée en décembre sur la protection de l’enfance. Personne ne dira le contraire, elles est aujourd’hui dans une situation critique, aussi bien au niveau national que dans le Doubs. Les structures et les modalités d’accompagnements et de placements sont saturées et les conditions de travail si éprouvantes pour les professionnels que certaines structures ne peuvent littéralement plus fonctionner.

Ce sujet est un marqueur, un indicateur très fort de l’état de notre société. Jamais ce service public n’a été autant en tension, jamais autant d’enfants n’ont eu besoin d’être accompagnés ou protégés.

Cette politique publique est essentielle.

Il s’agit pour nous de répondre à la question simple : est-ce que les moyens alloués répondent aux besoins du parcours de l’enfant, de sa naissance à sa prise d’autonomie ? Loin de rechercher une polémique qu’il serait indigne de porter sur un tel sujet, l’enjeu de cette MIE était pour nous de produire un diagnostic partagé de la politique de protection de l’enfance et une évaluation sincère des pratiques départementales.

Seul un bilan complet nous semble en mesure d’étayer de manière exhaustive et sans tabou les difficultés rencontrées sur le terrain pour évidemment déterminer et mettre en œuvre les solutions qui émergeront.

Nous aurons l’occasion d’en débattre, mais nous vous avons déjà fait part de notre étonnement de voir dans un même rapport un plan d’action et une évaluation de cette même politique sans même en attendre les conclusions.

Nous nous sommes aussi ému publiquement de constater que la MIE soumise au vote aujourd’hui n’est pas celle que nous vous avons envoyé. Pour n’éluder aucune question, nous défendrons au moment de l’examen du rapport un amendement qui nous semble de bon sens : que la MIE puisse fixer son programme en reprenant les différents points de la demande et en ajouter d’autres si besoin.

Je ne m’attarderai pas plus longtemps sur ce sujet, mes collègues y reviendront au moment du rapport.

Il y aussi la création de la SCIC pour le FC Sochaux Montbéliard, symbole de la mobilisation d’un territoire pour un football populaire avec une gouvernance partagée.

Enfin, la campagne électorale pour les élections européennes est lancée, j’invite toutes celles et ceux qui ne se déplacent plus aux bureaux de votes à aller s’inscrire sur les listes électorales.

Jamais dans le monde, les démocratie n’auront autant reculés.

Voter c’est notre liberté.

Liberté individuelle, mais aussi libertés collectives.

Merci de votre écoute.

Désengagement de l’État et protection de l’enfance en danger

C’est la Présidente qui l’annonce elle-même en présentant le budget prévisionnel : « la traversée 2024 ne sera pas de tout repos ». Il y a des causes conjoncturelles bien sûr. Mais c’est bien l’État qui met en péril les collectivités locales avec des dotations qui ne suivent pas l’inflation. C’est l’État qui prive les collectivités de leur autonomie fiscale et qui les assigne à un rôle purement gestionnaire.

Nous partageons ce constat. Nous sommes cependant étonnés qu’une majorité de droite qui peine à mener une politique locale avec toujours moins de moyens reste solidaire des revendications portées au niveau national par leur famille politique : moins d’impôts, moins de fonctionnaires, moins de service public. C’est pourtant bien cette idéologie qui prive notre Département des moyens nécessaires pour proposer un budget répondant aux besoins des Doubiens.

Pour ne citer qu’un seul exemple sur une thématique chère à notre Département, Oxfam France vient de rendre un rapport rapportant que trois niches fiscales relatives au secteur du logement ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans. 11 milliards d’euros, de quoi financer plus de 70 000 logements sociaux.

Et dans notre Département, il en manque beaucoup, surtout sur la bande frontalière. Les documents d’urbanisme tablent sur une hausse de 21 800 habitants sur 20 ans. Que font les communes du Haut-Doubs pour soutenir la politique de logement dans un tel climat de tension sur l’offre et les prix ? Pas grand-chose en réalité. La solution que le Département a trouvée dans l’urgence avec les bailleurs sociaux pour loger les plus pauvres est l’installation de Tiny House.

Doit-on se résoudre à voir naitre le plus grand village de Tiny House sur la zone frontalière ou faut-il trouver les moyens de mener une politique de logement digne de ce nom ? Avant 2020, il était possible pour les conseillers départementaux d’interroger les services de l’État, avec la venue du Préfet une fois par an lors d’une Assemblée. Nous souhaitons que cette rencontre revienne à l’ordre du jour du Département.

Avec le désengagement de l’État, c’est la situation catastrophique de la protection de l’enfance qui nous inquiète au plus haut point. Alors qu’il était annoncé dans la presse et aux syndicats une augmentation de 10% du budget du CDEF (Centre Départementale de l’Enfance et de la Famille), la majorité départementale prévoit au contraire une baisse de 1.8% du budget de fonctionnement de cette structure au BP24 comparé à ce qui a été voté en 2023. On se demande comment cela est susceptible d’améliorer les choses alors que le personnel est à bout et se plaint d’un manque de considération de la part des élus de la majorité.

Pour pallier à l’urgence, nous avons formulé plusieurs propositions : deux personnes minimums pour accompagner les enfants confiés dans les maisons la nuit, ce qui n’est pas le cas actuellement et ce qui pose des questions de sécurité grave au personnel. Autres actions concrètes : une prise en charge CMU automatique pour les enfants confiés qui peuvent être refusés par certains médecins faute de documents, et accès au tarif CAF le plus faible pour les centres de loisirs alors qu’actuellement c’est le quotient familial maximum qui leur est appliqué.

Pour faire la lumière sur la politique de la protection de l’enfance menée dans le Département du Doubs, nous demanderons le vote d’une Mission d’Information et d’Évaluation sur le sujet.

Discours liminaire budget prévisionnel 2024

Claude Dallavalle

Discours liminaire prononcé par Claude Dallavalle le 18 décembre 2023 lors du vote du budget prévisionnel 2024 du Département du Doubs.

Ce n’est pas dans ce discours que nous reviendront sur les rapports de cette Assemblée, nous exprimerons nos positions sur chaque politique au fil des débats. Permettez-nous de consacrer le temps de parole de notre groupe politique à ce qui constitue pour nous l’un des principaux fils conducteurs de cette session budgétaire : le désengagent de l’État vis-à-vis des collectivités locales, condamnées à toujours faire plus avec moins.

Je me contenterai d’illustrer ce désengagement avec un seul exemple qui pointe sans aucune ambiguïté la responsabilité qui est celle de l’État sur une thématique chère à notre Département : le logement. Il y a à peine plus d’une semaine, Oxfam France a calculé que trois niches fiscales relatives au secteur du logement ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans. 11 milliards d’euros, de quoi financer plus de 70 000 logements sociaux. Combien en manque-t-il dans notre Département ?

Et des exemples, vous savez très bien qu’il y en a d’autres. Cet argent manque cruellement. C’est avec l’aide de votre famille politique que le Gouvernement fait voter ces lois au Parlement. Ces lois qui nous privent de moyens. Ces lois qui privent les collectivités de la possibilité de mener à bien leurs missions de service public.

Nous le remarquons ici, dans les rapports que vous soumettez au vote, il y a beaucoup de conditionnel sur les crédits qui seront alloués, ou pas, par l’État. Et nous le savons, c’est difficile quand on est en responsabilité de construire un budget quand on va dans l’inconnu. Le problème est de taille car les Départements ont perdu toute leur autonomie fiscale et dépendent donc de dotations nationales qui restent pour partie encore incertaine. Et quand elles sont assurées, elles ne sont pas réévaluées à la hauteur de l’inflation.

Pour le reste des recettes, ce n’est guère mieux. Peu de visibilité sur les DMTO, même si tous les indicateurs sont à la baisse. Quid de la taxe sur les assurances ? Le prix des contrats s’envole, ce qui pousse certaines collectivités à ne plus assurer certains bâtiments. Et la taxe sur l’aménagement ? 

Sans aucun levier financier, nous voilà simple guichet, nous nous contentons de gérer l’argent qu’on daigne nous donner, tout en sachant que ce ne sera pas assez. Et sans marge de manœuvre, ou presque, les arbitrages sont d’autant plus importants. Je crois que nous n’avons pas fini de répéter que vos choix ne sont pas les nôtres. Nous n’avons pas le même sens des priorités. 

Vous présentez un budget avec des investissements supérieurs à 100 M. d’€.  Pour les assurer vous faites appel à l’emprunt et, aujourd’hui, les taux sont de plus en plus volatiles, donc beaucoup moins sécurisants. Vous renoncez à la politique de priorisation donnée à l’autofinancement. Vous avez précisé au BP que cela était possible grâce à votre bonne gestion. Nous n’avons pas la même lecture : depuis que vous êtes à la tête du Département, vous avez privilégié l’épargne brute en rognant sur les dépenses de fonctionnement et en retardant les investissements indispensables au cœur de nos compétences. Votre marge de manœuvre coute aujourd’hui très cher à la collectivité.

Quand de lourds investissements sont enfin programmés pour les collèges alors que c’était hier qu’il fallait les conduire, c’est tous les services qui sont aujourd’hui en difficulté et que l’on peut difficilement aider. Certains qui étaient sous l’eau depuis plusieurs années sont maintenant en train de craquer, littéralement.

C’est bien votre politique menée durant 6 années qui vous amènent à rattraper aujourd’hui les retards pris au niveau des investissements, mais aussi au niveau des solidarités humaines. Et tout cela est accentué par les désengagements de l’État, combiné par des conditions sociales de plus en plus précaires.

Nous sommes le chef de file des solidarités humaines et les besoins sont de plus en plus importants. Nous le verrons lors de l’examen des dossiers de la première commission, celle des solidarites humaines. 62 % du budget est consacré à cette politique. Le même pourcentage que pour le BP 2023 alors que les besoins augmentent.

Vous faites un effort financier important d’1 M d’€ pour aider 9 EHPAD en grande difficulté. C’est salutaire, mais nous savons que tous que cela ne suffira pas. Cette aide imputée au budget 2023 des établissements ne suffira pas pour combler leur déficit de l’année qui s’achève. Nous savons tous aussi que c’est l’Etat qui devrait apporter une aide conséquente. Alors que différents rapports indiquaient qu’au niveau national, ce sont environ 10 Milliards qui seraient nécessaires, il est annoncé 700 millions pour les 5 000 EHPAD et services à domicile pour finir l’année. Et nous attendons depuis des années cette Loi Grand Age qui est maintenant annoncée pour 2024. Mais en attendant cette Loi, comment vont-ils fonctionner ? Sera-t-on encore obligé d’en aider certains en 2024 ?

Financièrement nombre de Départements sont en souffrance, ils ne peuvent plus assurer leur rôle de chef de file des Solidarités Humaines et le nombre risque d’empirer dès 2025 si l’État ne répond pas à leurs demandes

Bien sûr, vous présentez un budget équilibré, ce qui est demandé aux collectivités locales, la base d’une bonne gestion. Mais répond-il réellement aux besoins de la population doubienne ? Pour remplir notre mission n’aurait-il pas fallu présenter un budget déséquilibré ? Tout en sachant que cela aurait attiré les foudres des hautes autorités ? Ou alors faut-il se résoudre à abandonner ou à délaisser certaines politiques fort utiles pour le Département et ses administrés.

Madame la Présidente, avant 2020, nous avions une session où nous pouvions interroger les Services de l’Etat. Nous souhaitons que cette rencontre revienne à l’ordre du jour d’une séance du Département.

Et je ne peux pas terminer ma prise de parole sans adresser un grand merci à Mme Galmiche pour son investissement pour la collectivité. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et nous savons qu’elle sera encore très occupée dans d’autres activités toujours au service des autres.

Nous voulons aussi remercier l’ensemble de nos agents pour leur travail au service des habitants de notre beau Département.