Loupé financier et mascarades

En présentant ses orientations budgétaires 2024 et la perspective financière sur plusieurs années, le Département du Doubs acte son choix de recourir à l’emprunt. Jusqu’alors, la majorité avait préféré soigner son niveau d’épargne et privilégier des investissements de prestige. Résultat : retards sur les programmes directement concernés par ses compétences comme la modernisation des collèges et des routes. En ratant le coche, les investissements sont plus lourds aujourd’hui et ces programmes prennent du retard. Sans compter que les taux d’intérêt s’envolent.

Nous avons déjà dénoncé à plusieurs reprises ce sous-investissement et cette gestion financière. Cette négligence a atteint des sommets avec la volonté de l’exécutif d’attribuer la définition de la stratégie VTT du département directement à l’association Espace Nordique Jurassien. Une procédure qui ne nous apparaissait pas réglementaire. Bien conscient du risque juridique encouru, un rapport proposé en Commission permanente revenait sur la précédente délibération et actait, cette fois, le lancement d’un appel à projets pour le développement de l’offre VTT dans le Doubs. Nous avons voté contre cette mascarade.

L’arrivée toujours plus importante des mineurs non accompagnés (MNA) questionne la qualité de l’accueil et de l’évaluation de ces jeunes se présentant mineurs. Nous avons formulé plusieurs propositions : présence d’une tierce personne pendant l’évaluation, solliciter les associations pour avoir recours à des capacités d’hébergement supplémentaires, mobiliser les places disponibles à Griffon, développer l’accueil familial et assurer une prise en charge pour les jeunes manifestement mineurs choisissant d’exercer un recours auprès du juge pour enfants.

La majorité a présenté une motion pour alerter sur la situation de la protection de l’enfance qui n’est plus tenable pour les départements. Nous partageons nombre de constats et nous pensons que le soutien de l’Etat aux départements est indispensable. Nous nous sommes néanmoins abstenus sur cette motion. Non seulement nous n’avons jamais été concertés alors que deux élus avaient rencontré la Présidente du Département la semaine précédente à ce sujet et la majorité a crû bon d’ajouter des paragraphes mettant en cause certaines collectivités, ce qui nous semble inacceptable.

Et parce que le débat public mérite certains égards, nous avons souhaité aussi rebondir sur la question de l’amiante, revenue de manière brutale sur le devant de la scène médiatique bisontine. Accusations de mensonges et propos virulents tenus lors d’une conférence de presse ont nécessité un article le lendemain pour démêler le vrai du faux, fait assez rare pour être souligné. Nous avions demandé les audits amiantes au département sur les collèges, malgré les promesses, nous n’avons toujours rien reçu aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est qu’au moins 4600m² de surfaces à désamianter se trouvent au collège de Pouilley-les-Vignes, dont Ludovic Fagaut est proviseur. Ce sujet, qui touche l’ensemble des collectivités, est trop sérieux pour en faire une polémique stérile.

Discours liminaire du 23/10/23

Plus les événements s’enchainent, plus le temps avance, plus nous avons la désagréable impression de plonger davantage encore dans le terrible. 

Parmi tous les périls qui menacent notre monde en ce début de XXIème siècle, le terrorisme tient une place prépondérante, sans doute la plus abjecte, la plus inhumaine. Israël a été frappé de manière horrible. Pouvoir penser qu’une cause puisse justifier le meurtre de civils, d’hommes, de femmes, de jeunes, de vieux, d’enfants, de nourrissons dans leurs berceaux, est l’une des manifestations de la folie de notre époque. 

Après cette attaque, ce pogrom, Israël est en droit de se défendre contre un groupe terroriste qui souhaite sa disparition. C’est tout à fait légitime. Ce qui ne l’est pas, c’est de se laisser entrainer par une vengeance aveugle et de répondre à l’horreur par l’horreur. Il n’y a pas de vies supérieures à d’autres. A Gaza aussi des enfants meurent, la population civile est ciblée par les bombardements, privée d’électricité, privée d’eau potable. 

Après l’émotion et le choc suscité par l’attaque du Hamas, le monde est bouleversé par les images de dévastation provenant de Gaza. Et tout le monde retient son souffle en espérant que le pire ne soit pas, encore, devant nous. 

La spirale de la violence doit être enrayée, c’est facile de le dire et ce n’est pas nos paroles qui pourraient y changer grand-chose. Il semble tout de même important de rappeler dans cet hémicycle que ce cycle ne peut prendre fin qu’avec la perspective d’une solution à deux Etats. A défaut, l’une des parties disparaitra. Cette position, celle du droit international et de la diplomatie française, ne semble possible qu’à deux conditions : le démantèlement des groupes armés et la fin de la politique de colonisation des territoires palestiniens. 

La résolution de ce conflit nous concerne directement, car il est l’un des terreaux sur lequel l’islamisme fondamental s’appuie pour frapper chez nous aussi. Pour la deuxième fois en 3 ans, un enseignant est mort pour ce qu’il représente : le savoir et la tolérance face au fanatisme et à l’obscurantisme. Nous exprimons ici notre plus grand hommage à la famille de Dominique Bernard, ainsi qu’à celle de toute la communauté éducative, gardienne des valeurs démocratiques et laïques. L’école c’est l’émancipation et ça le restera ! 

C’est dans ce contexte particulier que le département doit accueillir les centaines de mineurs non accompagnés qui se présentent dans le Doubs chaque année.  

Nous saluons les agents qui travaillent en première ligne dans des conditions de plus en plus difficile et dont les responsables hiérarchiques se retrouvent exposés dans la presse pour défendre la politique du département concernant les mineurs non accompagnés. 

Une politique qui questionne tous les départements et pour laquelle le soutien de l’Etat se fait attendre. 

C’est d’ailleurs de manière générale que le soutien de l’Etat se fait attendre pour soutenir les départements, l’échelon de collectivité sans doute le plus mis à mal par la conjoncture. Entre hausse des besoins sociaux et baisse des recettes, c’est peu de dire que l’équilibre financier est précaire et instable et que nous n’avons plus les moyens de présenter autre chose qu’un budget d’austérité. 

Vous vous offusquez souvent lorsque nous vous adressons des critiques sur vos choix, mais force est de constater qu’elles sont souvent justifiées

Les difficultés des SAAS en CPOM sont aujourd’hui exposées sans détour, vous avez reculé sur l’attribution de la politique VTT à l’Espace Nordique Jurassien en lançant un appel d’offres face au risque juridique que nous avions signalé lors de l’examen de votre précédente délibération. 

Vous êtes maintenant conscients que pour la transition, il faut des moyens sur les audits, sur le personnel compétant, etc. 

Notre rôle d’opposition est utile, et nous nous en servons pleinement au service de l’intérêt général, même si nous avons conscience que beaucoup de choses nous échappent encore. 

Nous avons la conviction que la situation départementale serait meilleure aujourd’hui si vous aviez suivi nos préconisations et celle de la chambre régionale des comptes, en ayant recours à l’emprunt pendant qu’il était encore temps alors que les retards d’investissements sur les collèges ou les routes était évident et que nous dénoncions un sens des priorités qui n’était pas le nôtre.