Moins d’éducateurs de rue et demande d’une mission d’information sur l’aide aux entreprises

Lors de l’Assemblée départementale du 29 septembre, nous avons mis en lumière les conséquences concrètes de la réduction du budget de la prévention spécialisée. Contrairement aux affirmations de la présidente, cette baisse n’est pas de 250 000 €, mais bien de 450 000 €.

Sur le terrain, cette décision se traduit par :

–             La suppression de trois équipes à Besançon, laissant les quartiers de l’Amitié, de Clair-Soleil et de Battant sans couverture.

–             La disparition de l’équipe intervenant à la Petite Hollande à Montbéliard.

–             Une réduction drastique des effectifs sur le Pays de Montbéliard Agglomération (PMA), passant de 16 à 11 ETP.

–             L’abandon de 11 communes (Audincourt, Seloncourt, Hérimoncourt, Bavans, Voujeaucourt, Bart, Sainte-Suzanne, Étupes, Fesches-le-Châtel, Dampierre-les-Bois et Badevel)

Ces éducateurs sont pourtant des acteurs précieux sur ces territoires. En autres aux abords des collèges dont bon nombre se trouvent aujourd’hui démunis.

Le nord du département, particulièrement marqué par les friches industrielles, pourrait par ailleurs bénéficier d’une mesure simple : l’exonération de la part départementale de la Taxe d’Aménagement pour les entreprises qui s’installeraient sur ces friches.

Cette proposition, que nous portons depuis 2023, permettrait de soutenir les entreprises tout en préservant l’environnement en limitant l’artificialisation des terres agricoles. Pourtant, la majorité départementale ignore cette possibilité, malgré son potentiel pour dynamiser l’économie locale. On pourrait commencer par en mesurer l’impact sur les finances départementales.

Nous déplorons une politique économique se résumant en un guichet distributeur d’aides. Il semble que ces aides sont versées sans cohérences pour des projets dont on peine à mesurer la pertinence pour notre collectivité.

Dans le sillage de la commission d’enquête sénatoriale sur les aides aux entreprises, nous avons demandé l’ouverture d’une mission d’information et d’évaluation du dispositif de développement économique du Département.

Nous aimerions aussi un accompagnement plus équilibré de l’agriculture départementale, très largement orientée sur l’élevage, pour plus de diversification. À titre d’exemple, sur 1,1 M€ de subvention versée à l’agriculture ce 29 septembre, nous avons 65 148 € pour des projets « transitions agroécologiques des productions végétales » et 4 685 € pour des producteurs de légumes.

Pour accélérer cette transition, nous avons proposé, sans succès, la candidature d’un élu de notre groupe pour représenter le Département à la chambre interdépartementale d’agriculture.

Nous aurions souhaité aussi aborder la situation de la Saline Royale et ses liens avec la société Musicampus, mais la présidente nous en a empêché. La chambre régionale des comptes relève pourtant de nombreuses irrégularités juridiques, certaines pouvant caractériser des infractions, tout en jugeant le modèle économique irréaliste.

Ce débat concerne tous les contribuables du Doubs, d’autant que le Département consacre plus d’un quart de son budget culture à la Saline Royale.

Un soutien irrégulier de Musicampus par l’EPCC Saline Royale

Christine Bouquin refuse d’organiser un débat public essentiel sur la gestion de l’EPCC Saline Royale et ses liens troubles avec Musicampus.

Pourtant, ce débat ne saurait se limiter au huis clos du conseil d’administration de l’EPCC, il concerne tous les contribuables du département. Principal contributeur de l’EPCC, le département du Doubs consacre plus d’un quart de son budget culture à la Saline Royale.

D’ailleurs, après l’Assemblée départementale du 29 septembre, un rapport de la commission permanente, non public, prévoyait la modification des statuts de l’EPCC, notamment pour y intégrer l’organisation des académies précédemment portées par Musicampus.

La présidente du conseil départemental et de l’EPCC ne peut se retrancher derrière les propos du préfet de région qui affirme que la création de Musicampus ne constitue pas une anomalie juridique. Tout ce que nous disons s’appuie sur le rapport sans équivoque des magistrats de la chambre régionale des comptes, qui y détaillent de nombreuses irrégularités juridiques, certaines pouvant caractériser des infractions.

Musicampus n’est pas seulement un échec commercial. Cette entreprise, présidée par le directeur de l’EPCC Saline Royale, bénéficie d’un soutien irrégulier et peu transparent de la part de ce même établissement public.

C’est la dérive d’un projet privé qui devait rapporter des recettes à l’EPCC, mais qui, au fil du temps, a mobilisé toujours plus de ses ressources : mise à disposition gratuite de personnel et de locaux, allègements de charges, et même financement des académies de musique, enregistrement des masterclass et des concerts à la charge de l’établissement public.

Cette situation rappelle douloureusement le scandale de l’ADAT. À l’époque, le procureur de la République avait déjà dénoncé le manque de contrôle du Département. Aujourd’hui, face à cette nouvelle affaire impliquant un autre de ses satellites, une question s’impose : les leçons ont-elles été tirées ?

Saline : un rapport accablant qui confirme nos doutes

La chambre régionale des comptes (CRC) dresse un bilan alarmant de la gestion de la Saline royale d’Arc-et-Senans par l’Etablissement public de coopération culturelle (EPCC). Elle pointe aussi ses liens troublants avec la société privée Musicampus, dont l’activité consiste à vendre des vidéos de cours de musique.

Le constat sans appel de la CRC ne nous étonne pas : cela fait plusieurs années que nous dénonçons cette dérive.

Lors de l’Assemblée départementale de janvier 2023, puis dans une lettre adressée le mois suivant à Christine Bouquin, présidente de l’EPCC, nous demandions des précisions sur la prise en charge par la collectivité des frais liés à Musicampus : travaux, matériel audiovisuel, mise à disposition de personnels, occupation de l’espace public, versement de bourses, etc.

Nous n’avions jamais obtenu de réponse, nous en avons aujourd’hui plusieurs. La création même de Musicampus est irrégulière, il existe un régime d’incompatibilité pour le président de Musicampus qui est aussi directeur de l’EPCC, le projet commercial financé par des fonds publics est à la fois irréaliste et déficitaire, du personnel de l’établissement public travaille gratuitement pour Musicampus, etc.

La situation s’est même aggravée depuis notre interpellation. Constatant les grandes difficultés économiques de Musicampus, l’EPCC s’est engagé en 2024 à prendre à sa charge, et donc à la charge des contribuables, l’enseignement musical, l’organisation des semaines académiques et l’enregistrement des vidéos de Musicampus pour les années 2025 et 2026.

Face à ces graves dysfonctionnements, nous réclamons un débat public lors de l’Assemblée départementale prévue le lundi 29 septembre.

Comté : une convention citoyenne pour se poser les bonnes questions

Le DSES exprime ses plus vives inquiétudes après l’adoption définitive de la loi Duplomb, qui vise à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Nous réaffirmons que le respect de normes exigeantes est indispensable pour préserver l’environnement, la santé publique et les paysans eux-mêmes.

Ce recul écologique insensé aggrave une situation déjà très problématique. Nous en savons quelque chose dans le Doubs, où malgré un cahier des charges de l’AOP comté restrictif et rigoureux, de graves atteintes aux écosystèmes, et en particulier aux rivières, sont constatés.

La dernière polémique en date autour du comté et de son impact avéré sur l’environnement a eu un fort retentissement national. L’origine en est la publication d’un article mensonger du Figaro Magazine qui s’en prend aux « écologistes », qualifiés de « khmers verts » et à qui l’on prête la volonté d’interdire le fromage AOP le plus vendu en France.

Avec un degré de passion et de mauvaise foi sans précédent, des irresponsables politiques surfent sur cette fake news. Ils raillent « l’écologie punitive », qualifient d’extrémistes ceux qui souhaitent concilier production et préservation de la planète, défendent aveuglément le comté en faisant semblant de ne pas voir le problème.

Face à l’évidence, aux constats de terrain et aux études scientifiques, il est temps de sortir du déni et de se poser les bonnes questions. Veut-on retrouver des rivières en bon état écologique ? Si oui, quelle est la production laitière adaptée à cet objectif ? Comment compenser la perte de revenus des agriculteurs qui résulterait d’une diminution du volume de lait ?

Contrairement aux propos scandaleux attribués à la ministre doubienne de l’Agriculture, qui aurait incité les agriculteurs à « viser les élus de gauche » pour défendre le retour aux pesticides tueurs d’abeilles et détricoter la politique environnementale la plus élémentaire, nous appelons à la tenue d’un débat serein.

Nous appelons à l’organisation d’une conférence citoyenne locale qui aurait pour objectif de répondre à la problématique suivante : quel équilibre trouver entre préservation de l’environnement et fabrication de comté ?

La position défendue par le DSES ne varie pas : si l’on veut continuer de savourer du comté tout en jouissant de rivières en bon état écologique et en prenant en compte le changement climatique qui réduit déjà la quantité de fourrage disponible, il faudra produire moins de lait.

Le Département incapable de poursuivre son programme d’investissement

Les collectivités locales et, plus encore les Départements, sont dans une situation financière inquiétante. Qui dit rigueur budgétaire dit arbitrage. Nous avons déjà dénoncé un sens des priorités insensé qui conduit le Département à continuer à financer aléatoirement des sociétés qui n’en ont absolument pas besoin via son volet aide à l’immobilier d’entreprises tout en supprimant un tiers des postes d’éducateurs de rues de la prévention spécialisée.

Aujourd’hui, nous pouvons constater avec la présentation du Compte administratif 2024 que cette conjoncture a produit ces premiers effets et le programme d’investissement prévu au BP 2024 n’a pas pu se réaliser.

Ainsi, le SDAC, le « schéma directeur d’aménagement des collèges » du Département du Doubs, prévoyait un investissement de 23 à 24 M€ par an en moyenne entre 2024 et 2026. Le montant des investissements en 2024 ? 3.7M€, soit un taux de réalisation de 16 %. Cela n’est pas étonnant, car 6 des 7 rénovations de collèges prévus ont été gelées…

Le retard de ce programme d’investissement est d’autant plus problématique que son annonce elle-même en 2023 était déjà bien en retard par rapport au besoin et à la nécessité de mener des travaux de rénovation énergétique des collèges. On ne peut plus dire, « mieux vaut tard que jamais » comme nous l’avions fait à l’époque, mais « quels collèges allez-vous décider de ne pas rénover ? »

Ce retard environnemental, c’est un peu une constance pour cette majorité qui s’est empressée d’enterrer le plan climat élaboré par la gauche avant leur prise de responsabilité. La droite a mis huit ans pour adopter enfin un Plan climat en 2022. Depuis, des efforts sont notables et c’est très bien. Mais ce n’est pas une raison pour les embellir.

Le bilan qui est présenté fait état d’un tiers des achats des cantines des collèges réalisés via la plateforme agri-local, qui met en lien producteurs locaux et cuisiniers de collectivités. Mais pour quelle valeur ? 364.000 € sur les 5.6M€ d’achat de denrées alimentaire, soit seulement 7%, un chiffre que l’on ne retrouve pas dans le rapport. Sur les 38 collèges disposant d’un restaurant, seuls 5 atteignent les objectifs que nous aurions dû atteindre en 2022.

Enfin, nous ne pouvons que nous scandaliser de la baisse des subventions accordées aux associations d’aide aux femmes, notamment celle du CIDFF qui passe de 15 100 € en 2024 à 13.000 € en 2025.