Discours liminaire 23/06/25

Discours liminaire prononcé par Claude Dallavalle, co-président du groupe DSES à l’occasion de l’Assemblée Départementale du 23 juin 2025.

Madame la Présidente, chers collègues,

Comme chaque année l’Assemblée du mois de juin permet de clôturer l’année précédente en votant les comptes et en actant différents rapports concernant l’année 2024.

Je reviendrai sur ces rapports en fin de liminaire, mais, comment, Madame la Présidente, comment ne pas évoquer différents sujets internationaux et nationaux qui impactent fortement notre vie.

Chaque jour, des images de guerre envahissent les écrans de télévision et les pages de nos journaux. La guerre en Ukraine qui sévit en Europe depuis des années déjà.

Le conflit israélo-palestinien ravivé par l’abominable journée du 7 octobre 2023 provoquée par le Hamas et ses alliés qui en sont à l’origine. Mais comment accepter ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza, aujourd’hui presque entièrement détruite et affamée. L’UNICEF l’indique, les grandes victimes sont les enfants.

Comment peut-on imaginer que la guerre apportera une solution de long terme à ces deux peuples voisins ? Une question que l’on pourrait se poser, pourquoi en 1948, lors de la création d’Israël, n’a-t-on pas pensé à créer aussi un état palestinien ? Pourquoi ne pourrait-on pas le faire aujourd’hui, comme le souhaite toujours la Diplomatie française ?

La guerre, les crimes de guerre et le terrorisme alimentent la haine et la rancœur. Jusqu’où ? En invoquant sa protection, Israël étend son offensive contre les installations militaires de l’Iran et son régime. L’histoire s’écrit maintenant avec l’intervention directe des États-Unis et les propos variables de son dirigeant auxquels on ne peut se fier.

Tout ce contexte et ces conflits sont bien anxiogènes, et encore certains ne font pas la une des journaux, comme le Soudan, et poussent nombre d’habitants à chercher refuge dans d’autres pays.

Et en France ! Comment, Madame la Présidente, comment ne pas évoquer des décisions prises au niveau national et qui vont fortement impacter la vie de nos enfants, pour moi celle de mes petits-enfants. Mais quel monde leur prépare-t-on ?

En premier le retrait des zones de faible émission, ZFE. Des conséquences sur la santé puisque ces zones permettaient de baisser le nombre de décès dû à la pollution engendrée par la circulation automobile, mais aussi sur des subventions européennes, qui ne seront plus accordées.

Le budget de l’État peut-il aujourd’hui se passer de subventions européennes ? Subventions qui auraient dû être fléchées pour que ces ZFE soient accompagnées de mesures compensatrices à celles et ceux qui devaient, par exemple, changer de véhicules.

En second la Loi Duplomb et en particulier sur la partie qui permet l’utilisation de certains pesticides. On connaît leur impact sur nombre d’animaux et en particulier sur les abeilles. Tout apiculteur est fortement inquiet et on peut se poser la question de la connaissance de nos parlementaires sur le rôle joué par tous ses animaux au niveau de la pollinisation. Est-ce que pour les générations futures, la vue d’une abeille ne se fera plus que sur des vidéos ?

Et dernièrement la Loi Zucman rejetée par le Sénat. Respect pour celles et ceux qui l’ont voté, car, je pense, qu’ils ont compris que chacun doit participer au redressement budgétaire de notre pays.

Pour terminer sur ces points nationaux comment ne pas évoquer cette modification de liste proposée au scrutin des communes de moins de 1000 habitants pour les élections municipales. C’est quasiment le premier sujet que les élus abordent lors de nos rencontres. Ils se posent une question : comment va-t-on faire ? Difficile de comprendre que l’association des maires de France et encore plus l’association nationale des maires ruraux aient milité pour cette mesure ! En plus de la difficulté de constituer une liste, cette modification ne permettra plus de candidatures individuelles qui permettaient aux électeurs de panacher.

Candidatures individuelles qui pouvaient apporter une certaine opposition dans les conseils municipaux. Des conséquences sur une vraie vie démocratique dans nos communes. Pour moi c’est encore une fois la méconnaissance de la ruralité, les élections municipales n’auront plus beaucoup d’intérêts pour certains et ils risquent de se défouler sur d’autres élections. Mais, une autre conséquence, il ne faudra pas s’étonner que nombre de communes ne renouvellent pas leur adhésion à ces deux associations

Comment, Madame la Présidente, comment ne pas revenir sur cette polémique sur le Comté. Comment imaginer aussi que, lorsque je reçois des invités, qu’il n’y ait pas sur le plateau de fromages comté et cancoillotte !

Mais que répondre à mon petit-fils qui me demande où aller pêcher truites ou ombres… Nos rivières sont en grand danger, espérons que cela ne soit pas trop tard. Oui, une grande partie de la pollution est due à l’agriculture. Et il nous semble que la modification du cahier des charges pour l’AOP comté, en agrandissant la surface par animal, va dans le sens qui consiste à baisser le cheptel pour diminuer cette pollution.

Mais pour avoir un impact significatif, il faudra certainement imaginer des compensations pour les éleveurs qui verraient leur revenu baisser. Travaillons tous ensemble pour chercher les solutions qui permettront de retrouver des rivières en bon état et des éleveurs fiers et heureux de leur travail tout en gardant un revenu digne. Madame la Présidente, seriez-vous prête à soutenir avec nous l’idée d’une sorte de convention citoyenne pour parvenir enfin à concilier vie aquatique et production de comté comme c’était le cas auparavant ? Il me semble que nous sommes nombreux ici, et dans tout le Département, à vouloir retrouver nos belles rivières tout en savourant un morceau de comté.

Beaucoup d’actualités anxiogènes encore pour l’ensemble des citoyens, et en particulier nos jeunes. Nombre d’entre eux sont fortement perturbés par l’évolution de notre monde, il se réfugie beaucoup dans le virtuel, dans la bulle de leur téléphone, certains basculent dans le déni de la réalité, dans l’irréparable.

Et nous sommes bien démunis face à toute cette violence. Que penser de l’annonce de l’interdiction de la vente de couteaux aux mineurs… déjà interdits ? Faut-il ajouter l’interdiction d’avoir des couteaux dans les cuisines ? Restons sérieux.

Comment ne pas évoquer ces problèmes de violence, dans et devant les collèges ? En participant au CA, on constate un nombre croissant de conseils de discipline. A Planoise, les professeurs ont exercé leur droit de retrait face à ces violences et les menaces dont ils sont l’objet. Au niveau de la prévention, nous avons un rôle à jouer, c’est une de nos missions et vous la désorganisez. Diminuer le nombre d’éducateurs de rue ne va pas dans le bon sens. C’est leur présence quotidienne qui permet de résoudre nombre de problèmes par leur connaissance du terrain, mais aussi des jeunes. Et sur ce sujet, nous pouvons regretter aussi la suppression de la police de proximité en 2003 par Nicolas Sarkozy. Elle faisait partie du paysage, pouvait lier des liens. La présence sur le terrain est importante, la diminuer c’est permettre à d’autres de prendre la place dans un but beaucoup plus malsain, le plus souvent illégal et de profiter du mal être des jeunes.

Lors de l’AG de l’Observatoire Départemental de la Protection de l’Enfance, cela a été dit : la prévention évite de prendre des mesures financièrement plus lourdes. Mais ce n’est pas le choix que vous avez fait.

Autre constat au niveau de notre Département, c’est la baisse de la natalité. Toujours lors de l’AG de l’ODPE, la moyenne pour avoir un enfant est à plus de 30 ans. Et quand on discute avec des jeunes, certains se posent même la question d’avoir des enfants vu l’évolution de notre planète. Les conséquences seront visibles plus tard, manque de main d’œuvre, manque de personnes qualifiées, il faudra bien les trouver ailleurs.

Pour terminer, je veux revenir aux dossiers qui nous concernent aujourd’hui. Nous interviendrons suivant chacun d’eux.

Toutefois il est important de faire le constat de la dégradation de nos finances et pour cela je reprends les résultats reportés chaque année : en 2022 plus de 32 M€, 2023 c’est près de 28 M€, 2024 aux environs de 17 M€ et cette année 10,6 M d’€. Une dégradation constante qui ne peut que nous inquiéter pour l’avenir, mais aussi pour pouvoir répondre à nos compétences. Vous proposerez que ces 10,6 M€ soient utilisés pour baisser le recours à l’emprunt prévu lors du vote du budget en décembre.

C’est votre choix et nous aurons l’occasion d’en débattre. Mais vu cette dégradation constante de nos finances, pourra-t-on toujours autant investir ? Les travaux non programmés aujourd’hui pourront-ils l’être dans le futur ?

Ne serons-nous pas obligés d’abandonner certaines compétences non obligatoires pour pouvoir assumer celles qui sont obligatoires ?

Comment pourra-t-on continuer dans cette voie ?

Beaucoup d’incertitudes Madame la Présidente et je me demande quelquefois, notre État est-il conscient de la réalité ? Il y a quelques années nous recevions en Assemblée le Préfet et les responsables des différentes administrations. Nous pouvions échanger avec eux. Serait-il possible qu’une telle rencontre se mette à nouveau en place ?

Je vous remercie de votre écoute.

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