Discours liminaire prononcé à l’ouverture de l’Assemblée départementale du 28/03/22 par Claude Dallavalle.
Une grande dame vient de disparaître : Mme Jacqueline Teyssier, juive, résistante, survivante des camps de concentration et mémoire vivante de ces temps d’horreur auprès de nos jeunes, collégiens ou lycéens. Son précieux témoignage fera à jamais défaut aux nouvelles générations qui arrivent. Il ne pourra être remplacé.
J’ai personnellement fait sa connaissance il y a de nombreuses années par l’intermédiaire de mon père, membre comme elle de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes, qui rassemble toutes les victimes du nazisme et de ses complices de la collaboration. Elle m’avait fait l’honneur de répondre favorablement à l’invitation que je lui avais faite lors d’une cérémonie des vœux sur mon ancien canton de Roulans.
Nous aurions pu évoquer ici tout ce qu’elle a vécu pendant la seconde guerre mondiale, de l’arrestation de sa mère à la sienne, à son vécu dans les camps. Tout ce qui justifiait l’hommage qu’on doit lui rendre.
J’ai pu assister à l’une de ses interventions au collège de Roulans. C’était à la salle polyvalente, avec l’ensemble des élèves de troisième, soit environ 80 ados. J’ai été impressionné par l’écoute et l’attention des jeunes. Pas un bruit, pas un chuchotement. Jacqueline Teyssier était l’un des derniers témoins d’une période noire, beaucoup plus touchant et marquant pour les élèves qu’un livre ou un film.
Il faut saluer et remercier à sa hauteur tout son travail de mémoire. Inlassablement, nous devons le poursuivre. Cela sera plus difficile, moins palpable à mesure que les témoins disparaissent, mais d’autant plus vitale. C’est indispensable pour espérer nous prémunir, nous, nos enfants, nos petits enfants des horreurs dont l’Homme est capable. Tout peut recommencer et il ne faudrait pas l’oublier.
Et l’Histoire revient à grands pas. En même temps que nous apprenions le décès de Jacqueline Teyssier, les médias rapportaient qu’en Ukraine, un autre rescapé des camps de la Seconde Guerre mondiale disparaissait. Mort dans son appartement de Kharkiv, bombardé par les Russes. L’Histoire s’accélère et jette sur les routes de l’exil des millions de citoyens, fuyant un pays d’Europe en guerre. Comme tout le continent, le Doubs a commencé à accueillir de nombreux réfugiés ukrainiens et se prépare à en accueillir encore de nombreux autres. Ils ont subi les horreurs de la guerre et sont marqués au niveau psychique. De ce fait nos services sont, et seront, fortement mobilisés pour accomplir le devoir d’humanité qui est le nôtre : fournir l’asile et permettre à ceux qui en ont besoin, ceux qui ont tout perdu, de se reconstruire. Personne ne pourra prédire combien ils seront, ni combien de temps ils resteront loin de leur patrie. Des mois, des années, une vie ?
Pour d’autres, il n’y aura sans doute pas d’alternative. Ceux que nous appelons MNA dans notre jargon administratif, les mineurs non accompagnés, resteront eux sans doute toute leur vie en France. Faut-il le rappeler, la loi garantit à ces enfants isolés aide et assistance de la part des départements. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de revenir sur un événement qui a marqué notre collectivité. Le 27 janvier dernier, Solmiré occupait le hall du département pour protester contre la mise à la rue de deux jeunes et le refus du département de procéder à une évaluation de minorité.
Nous ne pouvons cautionner de tels procédés. Mais force est de constater que leur action a abouti. Quelques minutes après le début de l’occupation et après une rencontre avec vos services, vous faites volte-face. Vous décidez la poursuite de la mise à l’abri et vous planifiez cette fois une évaluation de la minorité pour ces deux jeunes. Conscients que les choses n’étaient claires pour personne, que l’interprétation du cadre légal pouvait varier selon la jurisprudence et, certainement, de son idéologie, nous vous avions écrit pour que vous nous expliquiez les raisons exactes de ce revirement.
Madame la Présidente nous vous remercions pour la rapidité et la qualité des réponses écrites qui nous ont été apportées. Nous avons pu aborder ce sujet à deux reprises en commission 1. Les réponses orales n’étaient pas aussi claires, c’est le moins que l’on puisse dire, quand nous questionnions les zones d’ombres qui persistaient et les pratiques concrètes du département.
Après des propos hésitants nous prenons note à la dernière commission que, depuis début février et la publication de la loi Taquet qui clarifie les choses, les pratiques ont changé et que désormais chaque jeune se présentant comme MNA au département fera l’objet d’une évaluation, même s’il apparait dans le fichier d’identification AEM, précisément ce que demandait Solmiré selon son interprétation.
Nous avons entendu avec satisfaction que nous allions pouvoir prochainement rencontrer les services comme nous le demandions, avec un certain délai vu que leur nouvelle cheffe vient d’arriver. Nous pourrons à ce moment-là avoir plus de précisions sur la présence et le rôle du médecin lors des évaluations des MNA. Nous sommes aussi heureux de la relative sérénité que semblent retrouver les agents du SAEMNA, qui ont une mission particulièrement difficile. Sur le plan protocolaire, nous regrettons que la dernière convention signée avec la préfecture ne nous ait pas été présentée lors de son élaboration, au moins en commission, et que nous n’étions même pas au courant de son existence avant que vous nous la communiquiez.
Toujours ce manque de transparence que nous vous reprochons dans bien des situations. Et nous ne sommes pas les seuls à en croire un récent article à propos des travaux à venir consacrés à la rénovation du pont de Ludwigsburg à Montbéliard. En réaction à l’annonce du département qui avait indiqué qu’une concertation avait eu lieu avec les commerçants, qui seront encore lourdement impactés après des années de Gilet jaune et de Covid, ceux-ci ont vivement démenti. Complètement faux selon eux, qui vous accusent de faire semblant de confondre information et consultation, faire comme si annoncer un projet déjà ficelé et prendre en compte l’avis des concernés avant d’arbitrer définitivement était identique.
Enfin, et pour finir sur une note d’optimisme. Mardi dernier s’est tenu le carrefour des recruteurs. Ceux-ci ont répondu à l’appel puisqu’ils étaient plus d’une centaine. Une réussite au niveau de la fréquentation et nous espérons qu’un nombre important de demandeurs d’emploi a pu en trouver un. Un bilan devra nous être fait, au moins en commission 1. Nous serions curieux d’en connaitre les premiers résultats, si vous les avez en votre possession. Combien de contrats signés ? De quels types et durées ? Combien d’entretiens fixés ?
Félicitations en tout cas à celles et ceux qui ont organisé cette manifestation et à celles et ceux qui, par leur travail, ont amené les bénéficiaires d’aides sociales à ce carrefour. Eux aussi, tout comme les recruteurs, peuvent nous faire remonter ce qu’ils ont apprécié, ce qui n’a pas bien fonctionné. Si une telle manifestation organisée par le Département devient pérenne, les bilans qui seront faits permettront de la rendre encore plus importante aussi bien auprès des recruteurs que de ceux qui cherchent un emploi.
Pour être encore plus optimistes, pouvons-nous même rêver à un soutien actif du département, avant 2027 et qu’il ne soit trop tard, envers les acteurs et les filières favorisant l’environnement ? Alors que le GIEC n’en finit pas de nous rappeler l’urgence d’agir et les conséquences dramatiques qui accompagneront le dérèglement climatique, peut-on nous assurer que tout le budget qui sera alloué aux nouveaux contrats PAC contribuera à atténuer notre impact sur le climat ? Nous mesurons les efforts réalisés par les services dans le cadre de l’élaboration du plan de transition de la collectivité, gageons qu’ils trouveront tout le soutien et l’intérêt des élus actuellement en fonction et que votre ambition sera à la hauteur des défis qui s’imposent à nous.